Les personnes souffrant d’un trouble de stress post-traumatique vivent régulièrement des épisodes de stress et d’anxiété intenses, surtout lorsqu’elles sont exposées à des situations qui rappellent ces traumas antérieurs. Selon une récente étude canadienne, les chiens sont capables de détecter l’apparition de ces épisodes de stress dans l’haleine des patients et pourraient donc servir de système d’alarme pour prendre rapidement en charge et atténuer la gravité de ces crises.
L’odorat est le principal moyen utilisé par les chiens pour interagir avec le monde qui les entoure. À titre de comparaison, le nombre de récepteurs olfactifs est environ 30 fois plus élevé chez les chiens que chez les humains et on estime que l’odorat canin est de 10 000 à 100 000 fois plus performant que celui de l’humain moyen.
Le bulbe olfactif, c’est-à-dire la région du cerveau qui interprète les odeurs, est également 30 fois plus gros chez les chiens que celui des humains par rapport à la taille respective des cerveaux.
Détecteurs de maladies
De plus en plus d’études indiquent que les chiens peuvent détecter certaines maladies. Un des cas les plus célèbres est sans doute celui publié en 1989 dans le journal médical Lancet, où on rapportait le cas d’une femme qui avait consulté un médecin parce que son dalmatien n’arrêtait pas de renifler une tache en apparence anodine sur sa jambe. Les analyses avaient révélé que la tache était un mélanome très agressif, qui ne lui aurait laissé que peu de chance s’il n’avait pas été détecté1.
Plusieurs études ont par la suite confirmé que les chiens sont effectivement capables de détecter une panoplie de cancers, notamment ceux du sein, de la peau, du côlon et de la prostate, parfois même dans les stades initiaux de la maladie.
Il est probable que le métabolisme anormal des cellules cancéreuses génère des composés volatils organiques (VOC) inhabituels qui peuvent être détectés par l’odorat très puissant des chiens.
Santé psychologique
Des études récentes suggèrent que les chiens posséderaient également la capacité de déceler des variations dans la santé psychologique d’une personne, en particulier ceux qui impliquent un stress.
Chez l’humain, le stress est associé à plusieurs changements physiologiques, notamment la libération d’épinéphrine et de cortisol dans la circulation sanguine, en plus d’une augmentation du rythme cardiaque, de la pression artérielle et de la respiration, ainsi qu’une suppression de la digestion.
On a observé que ces adaptations étaient associées à des modifications dans la composition des molécules organiques volatiles présentes dans l’haleine des personnes en situation de stress comparativement à ce qui est retrouvé en état de relaxation2. Il est donc plausible que la capacité des chiens à détecter des variations de VOC associés aux désordres physiologiques puisse également être utilisée pour les désordres psychologiques.
Stress post-traumatique
Ceci est suggéré par les résultats d’une étude réalisée auprès de personnes atteintes d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT)3.
Dans ce trouble, les patients développent un stress chronique en réponse à des événements traumatisants comme la guerre, la violence physique ou sexuelle ou encore des catastrophes naturelles. L’exposition à des situations qui rappellent ces événements mène souvent à des épisodes de stress ou d’anxiété intense qui ont des conséquences négatives sur le bien-être de ces personnes.
Pour tester l’hypothèse que les chiens pourraient détecter les premiers symptômes de ces crises de stress, des chercheurs canadiens les ont exposés à des masques de protection (comme ceux utilisés lors de l’épidémie de COVID) portés par des patients en état de calme (contrôle) ou en état de stress, provoqué par des rappels des traumatismes antérieurs.
Les résultats sont sans équivoque : les deux chiens utilisés pour l’étude sont parvenus à identifier le masque porté lors de l’état de stress dans 90 % des cas, un succès qui est comparable aux techniques actuelles utilisées pour l’identification des VOC.
♦ 1. Williams H et Pembroke A. Sniffer dogs in the melanoma clinic? Lancet 1989; 1 : 734.
♦ 2. Mansour E et coll. Continuous monitoring of psychosocial stress by non-invasive volatilomics. ACS Sens 2023; 8 : 3215-3224.
♦ 3. Kiiroja L et coll. Can scent-detection dogs detect the stress associated with trauma cue exposure in people with trauma histories? A proof-of-concept study. Front Allergy 2024; 5:1352840.