L’extrême droite emmenée par Jordan Bardella a remporté dimanche les élections européennes en France, très loin devant la liste du camp du président Emmanuel Macron, arrivée deuxième et talonnée par les sociaux-démocrates.
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Avec 15,2% des voix, le camp présidentiel a été largement distancé par l’extrême droite qui rallie plus du double des voix (31,5% à 32,4%), selon des estimations publiées dimanche soir par les instituts de sondage Ipsos et Ifop. C’est un échec cuisant pour la majorité macroniste qui, en 2019, n’était distancée que d’un seul point par le Rassemblement national (23,34% pour le RN contre 22,42% pour la majorité).
En outre, la candidate macroniste Valérie Hayer sauve certes la deuxième place, mais de justesse, la liste sociale-démocrate menée par Raphaël Glucksmann, 44 ans, ayant rallié 14% des suffrages, selon ces estimations.
La victoire de l’extrême droite était attendue: le jeune Bardella – 28 ans –, qui avait fait campagne sur les thèmes de l’immigration, de la sécurité et du pouvoir d’achat, avait en effet caracolé en tête pendant toute la campagne, loin devant Valérie Hayer, 38 ans.
Avec ses formules travaillées et son aisance médiatique, il a su s’imposer en moins de cinq ans dans un paysage politique français en plein renouvellement, et a poursuivi la stratégie de dédiabolisation du parti de l’extrême droite française, entamée il y a une décennie par Marine Le Pen.
Inconnue du grand public, la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, eurodéputée sortante, a peiné pendant la campagne malgré sa solide connaissance des dossiers européens.
Raphaël Glucksmann, pro-européen s’est, lui, clairement positionné sur une ligne de «rupture» avec celle de la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon.
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Défaite cinglante
Il n’a eu de cesse aussi de présenter son parti comme une alternative possible au «duel mortifère» entre l’extrême droite et le parti macroniste.
Pour le président français Emmanuel Macron, c’est une défaite cinglante, lui qui était arrivé au pouvoir en 2017 avec la volonté de renforcer l’influence française au sein de l’Union européenne, et avec la promesse d’éradiquer les extrêmes sur la scène nationale.
Associée au président de plus en plus impopulaire, Valérie Hayer n’est jamais parvenue à décoller en dépit des interventions directes dans la campagne non seulement du premier ministre Gabriel Attal, mais encore du président, au point d’irriter les oppositions qui ont dénoncé un mélange des genres.
Le premier ministre avait en effet affronté en duel télévisé Jordan Bardella le mois dernier – sans répercussion notable, ni dans les sondages ni dans les urnes ce dimanche.
Jeudi, c’est le chef de l’État qui avait de son côté évoqué les élections européennes lors d’une interview télévisée à l’occasion des commémorations du Débarquement, suscitant agacement et critiques des partis d’opposition.
Jusqu’à présent, Emmanuel Macron n’a donné aucun indice sur les conséquences qu’il entend tirer des résultats de ces élections. Dissolution, remaniement, coalition avec les Républicains?
Effondrement des Verts
Jordan Bardella a en tout cas réclamé dès dimanche soir la tenue de nouvelles élections législatives, devant une foule de partisans galvanisés, après avoir salué un «score historique» pour son parti.
Tenté jusqu’alors de renvoyer ses décisions à l’automne, après les Jeux olympiques, le président doit s’exprimer dans la soirée, a annoncé l’Élysée.
La situation est d’autant plus délicate que les macronistes conservent peu d’avance sur les socialistes et que le gouvernement va être sous forte pression du Rassemblement national.
Raphaël Glucksmann, dont le parti a plus que doublé son score par rapport à 2019, apparaît comme le nouvel homme fort de la gauche qui a su habilement repositionner le PS, son principal soutien, au centre du jeu.
En revanche, les Verts, qui avaient obtenu un score historique de 13,4% en 2019, s’écroulent tout en restant légèrement supérieurs à 5%, le seuil minimum pour obtenir des eurodéputés en France.
Les élections européennes en France auront aussi été marquées par une poussée relative de la gauche radicale représentée par La France insoumise (LFI) et Manon Aubry: 8,7% contre 6,3% des voix en 2019.
LFI avait multiplié les coups d’éclat sur le soutien aux Palestiniens de Gaza, pour tenter de mobiliser un électorat jeune et aller au-delà des enquêtes la plaçant autour de 8,5%.