Le décrochage scolaire a bondi pendant la pandémie : il a atteint 16,3% en 2021-2022, comparé à 13,8% pour l’année précédente.
Il s’agit des plus récents chiffres disponibles, rendus publics lundi par l’Institut de la statistique du Québec. Ces données comprennent à la fois les élèves des écoles publiques et privées.
Les garçons demeurent encore une fois plus nombreux à abandonner leurs études secondaires que les filles : en 2021-2022, leur taux de décrochage se situait à 20%, comparé à 12,7% chez les filles.
L’écart entre les deux sexes est d’ailleurs en hausse, étant passé de 6,5 points de pourcentage en 2020-2021 à 7,3 points l’année suivante.
Une année encore marquée par la pandémie
À l’automne 2021, le retour en classe s’était fait sous le signe du retour à la normale, mais l’année scolaire avait encore une fois été chamboulée par la COVID-19, avec l’apparition du variant Omicron qui avait mené à de multiples éclosions et confinement dans les écoles.
L’année précédente, plusieurs élèves avaient aussi accumulé des retards d’apprentissage, notamment en raison de l’enseignement en ligne.
Dans ce contexte, la hausse du taux de décrochage au cours de l’année 2021-2022 «n’est pas énormément étonnante», affirme Frédéric Guay, professeur à l’Université Laval et titulaire d’une chaire de recherche sur la motivation et la réussite scolaire.
«Ce sont les élèves fragilisés par la pandémie qui sont les plus susceptibles d’abandonner», souligne-t-il, en faisant référence aux jeunes qui ont de faibles notes ou qui sont en échec, mais aussi à ceux qui vivent des problèmes de santé mentale qui peuvent les avoir incités à décrocher.
La possibilité d’obtenir facilement un emploi sur le marché du travail pendant cette période peut aussi avoir pesé dans la balance, indique M. Guay.
«Il faudra voir dans les prochaines années si on va assister à un retour à la normale», ajoute-t-il.
En hausse après une période de stabilité
Cette hausse du décrochage survient alors que le phénomène était plutôt stable au cours des années précédentes.
Depuis 2016-2017, il se situait autour de 14%, après avoir connu une baisse continue depuis les années 2000, alors que ce taux atteignait 22%.
Le taux de décrochage calculé par le ministère de l’Éducation est en fait le «taux de sorties sans diplôme ni qualification au secondaire».
Pour établir cet indicateur, le ministère de l’Éducation tient compte du nombre de jeunes qui fréquentent une école secondaire pendant une année scolaire, comparé à ceux qui ont poursuivi leurs études l’année suivante.
Les élèves qui ont abandonné l’école en plein milieu de l’année, mais qui reprennent leurs études secondaires à la rentrée l’année suivante ne sont pas comptabilisés dans cet indicateur.
Le taux de sorties sans diplôme ni qualification est l’indicateur produit par le ministère de l’Éducation qui se rapproche le plus du taux de décrochage, mais il n’est pas parfait puisqu’il comprend aussi des jeunes qui ne sont plus dans le réseau scolaire québécois en raison d’un déménagement à l’extérieur de la province ou encore d’un décès.
Taux de décrochage depuis cinq ans:
2017-2018: 13,6 %
2018-2019: 14,2 %
2019-2020: 13,5 %
2020-2021: 13,8 %
2021-2022: 16,3 %
Source: Institut de la statistique du Québec