Preuve de la grande carrière qu’il a connue, le Québécois Russell Martin n’aura pas eu à patienter très longtemps, soit moins de cinq ans après sa retraite, avant de voir s’ouvrir devant lui les portes du Temple de la renommée du baseball canadien. L’ancien receveur, aujourd’hui âgé de 41 ans, fait donc partie des intronisés de la cuvée 2024, ce samedi, à St. Marys, en Ontario.
«La première pensée que j’ai eue quand j’ai appris la nouvelle, c’est que je m’en viens vieux», a affirmé Martin, en riant, à propos de cet honneur qui lui est rendu.
«C’est l’accomplissement du travail d’une vie», a surtout résumé celui qui a disputé 1751 matchs dans le baseball majeur, incluant 58 rencontres éliminatoires, avec les Dodgers de Los Angeles, les Yankees de New York, les Pirates de Pittsburgh et les Blue Jays de Toronto.
Un travailleur acharné
Témoin privilégié de son illustre carrière, son grand ami et bras droit Ivan Naccarata ne pourrait être mieux placé pour commenter cette intronisation.
«J’ai suivi Russ depuis l’école secondaire Édouard-Montpetit jusqu’à ses derniers matchs dans le baseball majeur [en 2019] et je peux vous dire qu’il a travaillé très fort», a indiqué Naccarata, avant une ronde de golf avec le principal intéressé au Club de La Vallée du Richelieu, plus tôt cette semaine.
«Il fait partie des rares Québécois à avoir atteint le baseball majeur sans jamais retourner dans les ligues mineures, a encore souligné, avec fierté, celui qui lui a servi de conseiller tout au long de sa carrière. C’est un compétiteur-né, un gagnant, un guerrier.»
Rejoindre ses idoles
En plus de son apport derrière le marbre, Martin a complété sa carrière avec 1416 coups sûrs, dont 191 circuits, en 14 saisons. Ces statistiques lui permettent de rejoindre au Temple de la renommée du baseball canadien plusieurs de ses idoles ayant jadis porté les couleurs des Expos de Montréal, dont son préféré, Larry Walker, intronisé en 2009.
«Je n’ai jamais joué au baseball pour recevoir des honneurs individuels et des accolades, mais cette intronisation est vraiment spéciale, de reconnaître l’ancien numéro 55. C’est un honneur de me retrouver au panthéon canadien aux côtés de toutes ces légendes.»
En plus de Walker, le Temple de la renommée du baseball canadien compte plusieurs autres anciens des Expos parmi ses intronisés. L’ancien gérant Felipe Alou s’y retrouve avec Pedro Martinez, Vladimir Guerrero, Dennis Martinez, Tim Wallach, Tim Raines, Rusty Staub, Steve Rogers, Andre Dawson et Gary Carter, entre autres. S’ajoutent les Québécois Denis Boucher, Claude Raymond et Ron Piché.
Boucher avait été le plus récent Québécois à faire son entrée à St. Mary’s, en juin 2023. Pour la présente cuvée, Russell Martin est par ailleurs accompagné de l’Ontarienne Ashley Stephenson, de l’ancien lanceur des Blue Jays de Toronto Jimmy Key et du bâtisseur Paul Godfrey.
Receveur d’exception
Le baseball regorge de statistiques. Certaines sont mises de l’avant, d’autres moins, comme les 11 148 retraits au bâton réalisés par Russell Martin à titre de receveur en saison régulière dans le baseball majeur.
Comme dirait Russell Martin, qui est intronisé au Temple de la renommée du baseball canadien ce samedi, ce n’est pas si mal pour un enfant ayant grandi en portant les couleurs des Lynx de Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal.
De ces nombreux retraits sur trois prises, il en a obtenu 1017 dès sa deuxième saison avec les Dodgers de Los Angeles, en 2007, année où il a d’ailleurs remporté un Gant doré. C’était à l’époque des Derek Lowe, Chad Billingsley, Brad Penny et du releveur japonais Takashi Saito.
CC Sabathia, avec les Yankees, A.J. Burnett, avec les Pirates, de même que Marcus Stroman et Marco Estrada, avec les Blue Jays, ont plus tard fait partie de ses nombreux complices.
«Il donnait l’opportunité aux lanceurs d’avoir du succès, a résumé fièrement Ivan Naccarata, grand ami et bras droit de Russell Martin. Il avait le don de transformer certaines balles en prises avec sa façon de capter les balles derrière le marbre.»
Étudier l’adversaire
L’éthique de travail de Martin aura fait partie de ses points forts, lui qui se faisait un devoir d’étudier les frappeurs adverses afin de contribuer aux succès de ses lanceurs.
Un autre fait d’armes ne ment pas dans le cas du receveur québécois. En 14 saisons dans le baseball majeur, il a mené ses différentes équipes à 10 reprises dans les éliminatoires. S’il a eu le privilège de jouer pour de grandes organisations, il faut mentionner que ce fut aussi le cas à ses deux saisons à Pittsburgh, en 2013 et 2014.
«Si je vais produire un film ou un documentaire ayant pour sujet la réussite d’une carrière dans le baseball majeur, je prendrais la carrière de Russell et je ferais un copier-coller», vient conclure Naccarata.