Un homme de 46 ans qui pourrait avoir bu l’équivalent de 14 consommations avant de percuter mortellement un père de famille sur la Rive-Sud de Montréal a écopé de quatre ans de taule, après avoir été confronté aux ravages causés aux proches.
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«Des enfants ne devraient jamais avoir à vivre cela», a souligné Marie-Christine Babin, maman de deux petits et conjointe du défunt, Frédéric Cardinal.
«Pour moi, un pardon n’est pas envisageable. Je ne pourrai jamais passer à travers la peine qui nous a été imposée pour un geste qui aurait pu être évité», a ajouté celle qui a été qualifiée de «force de la nature» par la juge Magali Lepage.
Mercredi matin, au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield, une suggestion commune des parties a scellé le sort de Christian Patrick Dauphinais, lui qui faisait face à des accusations de conduite avec les capacités affaiblies causant la mort.
Bouleversés, des proches ont tenu à rendre hommage à la victime, en marge de l’étape ultime du procès qui avait débuté en février dernier.
Tour à tour, ils ont témoigné de la douleur qui les habite depuis le soir du 30 mars 2021, à Châteauguay.
«Si vous saviez à quel point j’aurais tellement voulu pouvoir le protéger», a partagé Nicole Parisien, la mère de Frédéric Cardinal, dans une longue lettre lue en cour.
«Les décisions personnelles de prendre le volant lors de consommation d’alcool peuvent ultimement enlever, voler la vie des gens et […] handicaper la vie de leur famille et leur entourage», a-t-elle insisté.
Balade mortelle
Le jour du drame, Frédéric Cardinal avait voulu profiter du beau temps pour faire une balade à moto avec deux autres amateurs.
Sur le chemin du retour, l’homme de 39 ans, dont la conduite avait été qualifiée d’«exemplaire» par un témoin, s’était retrouvé à l’angle des boulevards René-Lévesque et Brisebois, non loin de l’hôpital Anna-Laberge.
L’accusé y était également, étant en chemin pour le centre hospitalier, où son père était dans un état critique.
Au moment où la lumière est tombée verte, l’accusé a effectué un virage et percuté M. Cardinal, qui continuait tout droit.
Christian Patrick Dauphinais, un agent carcéral, dégageait alors une forte odeur d’alcool, peinait à garder son équilibre, en plus d’avoir «une élocution ralentie et très difficile», avait relaté la juge Magali Lepage.
L’éthylotest a plus tard indiqué un taux d’alcool 2,5 fois supérieur à la limite légale chez l’accusé.
Il aurait consommé entre 8,5 et 14 consommations avant le drame, selon l’analyse de la toxicologue judiciaire Geneviève Huppé.
«Sincères excuses»
En larmes, Christian Patrick Dauphinais, qui ne pourra conduire pour les cinq prochaines années, a présenté à répétition ses «sincères excuses» devant le tribunal, mercredi.
«J’aurais jamais dû [prendre le volant], a-t-il soufflé. C’était irréfléchi.»
«Il est le seul responsable de la tragédie», a plaidé Me Maxime Séguin-Durand, qui faisait équipe avec Me Mylène pour la Couronne.
Me Marc W. Giroux défendait l’accusé.
- «Cette déchirure faite à tes enfants devrait être suffisante pour démontrer les impacts d’une conduite avec facultés affaiblies.» – extrait d’une lettre de Richard Cardinal, père de la victime
- «On nous a volé notre vie à jamais cette soirée-là. Je n’ai jamais pensé qu’on pouvait, en une fraction de seconde, se faire enlever un pilier de la famille, mais ce jour-là, j’ai découvert que oui.» – Marie-Christine Babin, conjointe de la victime
- «Solidaire, rassembleur, présent : tu étais un très bon papa.» – extrait d’une lettre de Richard Cardinal, père de la victime
- «Aujourd’hui, plus de trois années après son décès, je me demande comment faire pour accepter l’inacceptable.» – Nicole Parisien, mère de la victime
- «J’avais des amis autour de moi que j’aurais pu appeler, le taxi que j’aurais pu prendre. J’aurais pu faire autrement.» – Christian Patrick Dauphinais, accusé