Le lundi 24 juin est une grande fête chez nous. Mais si vous êtes un partisan libéral dans la circonscription fédérale de Toronto—St. Paul’s, lundi risque d’être pour vous tout sauf une fête.
Alors que tout le Québec sera en train de conclure la longue fin de semaine de la fête nationale, le sort de Justin Trudeau se décidera lors d’une élection partielle à Toronto.
Pour sa part, le chef conservateur Pierre Poilievre aura passé le week-end à la rencontre des Québécois. Le contraste est frappant.
Le Parti libéral a réussi à conserver ce siège torontois même à l’époque de Stéphane Dion et de Michael Ignatieff. C’est ce qu’on appelle une forteresse.
Mais attention, il y a beaucoup de mouvement dans l’air et une élection partielle est souvent l’occasion pour les électeurs d’envoyer un signal.
J’ai profité de l’envoi d’un tel signal des électeurs lorsque je me suis présenté pour le NPD de Jack Layton à l’occasion d’une partielle dans la circonscription fédérale d’Outremont.
À l’époque, les électeurs libéraux n’aimaient pas l’image de marque de leur chef, Stéphane Dion, et son candidat avait dit des choses sur le Hamas qui n’avaient vraiment pas plu à l’importante communauté juive d’Outremont.
Cela, combiné au fait que Jack et moi commencions à faire avantageusement connaître le NPD au Québec, nous avait valu une victoire que peu de gens avaient vue venir.
Des années d’inaction
Dans la circonscription de Toronto—St. Paul’s, il y a aussi une importante communauté juive qui, historiquement, appuie les libéraux. Mais attention, les faux pas de Trudeau et de Mélanie Joly lors de la guerre entre Israël et le Hamas ont provoqué une réaction très négative au sein de cette communauté.
Mercredi, les libéraux ont enfin décrété que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien est une entité terroriste. Mais ça aura pris des années!
Les Américains ont agi depuis cinq ans en ce sens. Le gouvernement de Justin Trudeau est resté immobile jusqu’à cette semaine.
Le premier ministre se faisait talonner là-dessus. La redoutable députée Melissa Lantsman, qui détient une des rares circonscriptions conservatrices de la région de Toronto, et qui est elle-même issue de la communauté juive, n’a pas arrêté de signaler cette défaillance libérale.
Ce n’est pas un hasard que Trudeau ait enfin bougé. Sur le perron des portes, ses organisateurs encaissaient l’insatisfaction des électeurs de St. Paul’s.
Un résultat crucial
Le résultat de lundi va déterminer le genre d’été que Trudeau va avoir. Lors des trois élections que Trudeau a gagnées, la proportion libérale des votes a progressivement diminué: de 55% en 2015 à 54% en 2019 et, enfin, à 49% en 2021.
Quel sera le score de Justin Trudeau lundi? Dans le cas d’une baisse significative, l’effet sera surtout ressenti à l’interne. Un caucus et des candidats libéraux plus nerveux. Trudeau trouvera son été long et ardu, l’odeur de fin de régime le suivra partout.
Si jamais les conservateurs réussissent à arracher la victoire, attention! L’effet sera un tremblement de terre politique qui se fera ressentir d’un bout à l’autre du pays.
