C’est le dos courbé par le poids de ses 95 ans qu’Ildebert Huard a pris le chemin des cellules vendredi. L’ex-médecin responsable de la maison de thérapie Villa Ignatia a été condamné à 18 mois de prison pour des agressions sexuelles sur cinq victimes.
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L’avocat du nonagénaire avait imploré la clémence du tribunal pour qu’il puisse purger sa peine dans la collectivité, citant un risque de récidive «très faible» et l’âge avancé de l’agresseur.
Or, le juge Mario Tremblay a tranché en faveur des objectifs de dénonciation et de dissuasion à l’égard des crimes de nature sexuelle. Puis le nombre de cinq victimes et la durée des gestes reprochés à Huard militaient en faveur d’une peine de détention ferme. Le juge a d’ailleurs dressé un parallèle avec le dossier d’Edgar Fruitier, l’animateur ayant été condamné à six mois de prison pour des touchés par-dessus les vêtements d’une seule victime.
«J’espère que cette condamnation, que le tribunal estime juste, permettra un peu à ces cinq femmes de tourner cette page et de marcher la tête haute», a souhaité le magistrat au moment de confirmer la peine de 18 mois de prison.
«Presque sourd et presque aveugle», Huard ne semblait pas tout à fait comprendre ce qui se passait au moment d’être dirigé vers les cellules.
Victimes vulnérables
Les gestes reprochés à Ildebert Huard se sont déroulés sur une période de 28 mois entre 2017 et 2019. Responsable de la maison de thérapie Villa Ignatia, celui qui se faisait appeler «le Doc», profitait de la vulnérabilité de femmes qui y étaient admises pour abuser d’elles.
Les cinq victimes ont toutes subi des touchés de l’ex-médecin, qui avait alors entre 88 et 90 ans, dès leur arrivée à la maison de thérapie. Médicamentées à fortes doses à leur arrivée, elles dormaient souvent plusieurs jours avant de devoir rencontrer Huard à son bureau.
Touchés aux fesses, aux seins, mains dans les cheveux, les gestes intrusifs étaient nombreux. Il a été jusqu’à placer la main d’une des jeunes femmes sur son pénis, lui disant : «Touche-moi, touche-moi».
Pour une autre des victimes, les agressions ont été jusqu’à des baisers sur la bouche, puis des touchés aux parties génitales. Le médecin a également été jusqu’à la forcer à le masturber.
«C’était toute une curiosité», avait admis l’agresseur lors de son procès à propos de la jeune femme pour qui il cultivait ce que le juge a décrit comme étant une «fascination maladive».
«L’impression qu’il peut tout se permettre»
Un rapport présentenciel et sexologique, que le juge a qualifié «d’aucun secours pour l’accusé», avait été ordonné en marge des observations sur la peine. Comme au procès, Huard a continué à y nier toute responsabilité.
«Nourri narcissiquement, sa position d’autorité lui donne l’impression qu’il peut tout se permettre», peut-on lire dans le rapport.
Pourtant, ces femmes étaient grandement vulnérables et même dépendantes d’Huard par leur besoin de compléter leur thérapie évalue le juge Tremblay dans sa décision.
«Il a fallu beaucoup de courage et de détermination aux premières plaignantes pour le dénoncer», a souligné le magistrat.
Au terme de sa peine de 18 mois, Ildebert Huard sera soumis à une probation pour une période de trois ans. Il lui sera notamment interdit de se trouver à la Villa Ignatia ou à tout endroit de thérapie ou de soin «où il pourrait être perçu en relation de confiance ou d’autorité vis-à-vis une autre personne».