Une automobiliste accusée d’avoir happé à mort une cycliste a échoué dans sa tentative de s’en sortir en invoquant des délais judiciaires qui s’étiraient trop, selon elle, car c’est elle qui les avait engendrés pour la plupart.
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«Le droit de Christine Pryde d’avoir un procès dans un délai raisonnable n’a pas été bafoué», a tranché le juge Denis Galiatsatos, ce vendredi au palais de justice de Montréal.
Ainsi, la résidente de L’Île-Bizard âgée de 32 ans devra bel et bien être jugée pour avoir causé la mort d’Irène Dehem, le 18 mai 2021.
Ce jour-là, la quinquagénaire circulait sur une piste cyclable du secteur de Senneville, comme elle le faisait régulièrement. Sauf que cette fois, une automobiliste a dévié de sa voie dans une courbe et a violemment happé la dame, qui n’a eu aucune chance. Pryde, à bord de sa Hyundai Accent bleue, avait quant à elle terminé son chemin dans un petit fossé.
«Elle m’a dit qu’elle était au travail, qu’elle allait au Tim Hortons chercher un café glacé dans le but de se réveiller, parce qu’elle avait mal dormi», avait expliqué un agent de police arrivé un peu plus tard sur les lieux.
Longs délais
Accusée de conduite dangereuse et de négligence criminelle ayant causé la mort, entre autres en raison de la fatigue, Pryde devait subir son procès dans un délai de 18 mois. Or, près de 29 mois se seront écoulés d’ici la fin prévue du procès. Pour l’accusée, c’était l’occasion d’invoquer que ses droits avaient été bafoués, et donc, que les accusations devaient tomber.
Sauf que dans ce cas-ci, la majorité des délais ont été causés par la défense, a noté le juge dans une volumineuse décision de 58 pages.
Ainsi, le juge a noté qu’il a fallu plus d’un an à Pryde pour décider si elle voulait être jugée par un magistrat ou par un jury. Puis, moins de cinq semaines avant le début du procès, l’avocat de Pryde a annoncé qu’il demanderait l’arrêt des procédures en raison des délais, même s’il avait fait part de son intention de ne pas le faire quelques mois plus tôt.
Accommodements pour la défense
Puis, quand le procès d’une durée de deux semaines a commencé, la défense est arrivée sans prévenir avec une autre requête, cette fois de non-lieu.
«Elle n’était pas improvisée, c’était bien préparé, a dit le juge. Et ça a eu l’effet inévitable de mettre le procès en pause.»
De nouvelles dates d’audience ont ainsi été réservées, pour le mois prochain et l’automne. Et pour s’assurer que le tout puisse avancer, tant le juge que la Couronne ont annulé une partie de leurs vacances respectives pour accommoder la défense, même s’ils n’en étaient pas obligés.
En retranchant tous les délais occasionnés par la défense, le juge a finalement tranché que le plafond des délais n’avait pas été dépassé, loin de là. Le procès pourra donc se poursuivre et si tout se passe bien, il devrait se conclure durant l’été.