À peine envoyé en prison pour avoir tué et abandonné une piétonne à Brossard, un chauffard a déjà pu être libéré, avouant du même coup avoir été distrait au moment du drame.
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«Ne me dis pas que tu n’as pas vu ma fille, c’est impossible. Ça me brise le cœur de savoir qu’il se justifie… assume ce que tu as fait», lâche Éliane Dell, la mère de Clarissa St-Armand Dell, happée mortellement le 24 juin 2022.
José Luis Raymond roulait à près de 90 km/h dans une zone de 50 km/h lorsqu’il a percuté la victime, qui traversait le boulevard de Rome.
Il avait lâchement fui les lieux après l’impact, en roulant à toute allure, atteignant une vitesse de 100 km/h de plus que la limite permise.
Le chauffard avait ensuite été retrouvé par les policiers quelques jours plus tard et avait été accusé de délit de fuite et de conduite dangereuse causant la mort.
En février dernier, il a été condamné à une peine de deux ans de détention. Après avoir passé moins de cinq mois derrière les barreaux, il a récemment pu être libéré, au sixième de sa peine, comme le prévoit la loi.
Nouvelles explications
«Il a tué ma fille et il est déjà dehors! Il pourra continuer sa vie, travailler. Moi, ma vie est ruinée pour toujours», déplore Mme Dell.
Raymond, qui ne s’est jamais exprimé publiquement sur les circonstances du drame, a récemment offert une explication de ce qui a pu se passer au moment de la collision: ses yeux auraient quitté la route quelques instants, le temps de changer la musique sur l’écran tactile de son véhicule.
C’est ce qu’on peut lire dans la récente décision de la Commission québécoise des libérations conditionnelles.
L’homme de 34 ans, qui revenait d’un bar ce soir-là, nie avoir été ivre au moment de l’impact.
Dans les instants avant le drame, il roulait à tombeau ouvert dans l’espoir de trouver un McDonald’s ouvert en pleine nuit. Dans l’heure précédant la collision, José Luis Raymond avait tenté à cinq reprises de se rendre dans une succursale ouverte de cette chaîne de restauration rapide.
En traversant de Montréal jusqu’à la Rive-Sud, il avait roulé à 145 km/h sur le pont Champlain, où la vitesse limite est pourtant fixée à 80 km/h.
Trahi par son téléphone
Lorsqu’il a fauché la jeune victime, il venait à peine de se buter à une porte close du McDonald’s du DIX30.
Tous les déplacements de Raymond avaient pu être retracés par les enquêteurs, grâce à son téléphone saisi.
Ils avaient ainsi pu établir la chronologie de sa soirée, les lieux visités ainsi que ses vitesses de déplacement.
Si le détenu a pu être libéré après avoir purgé le sixième de sa peine, c’est parce que la Commission estime qu’il ne représente pas un risque «inacceptable pour la société».
Le drame serait un geste «isolé», une «erreur de jugement lourde de conséquences plutôt que d’un mode de fonctionnement impulsif et régulier», peut-on lire dans la décision récemment rendue publique.