Bien qu’il soit toujours valide d’énoncer que l’obésité résulte d’un déséquilibre entre les calories ingérées et dépensées, manger moins et bouger plus n’est pas si simple pour tout le monde, et ce, pour de nombreuses raisons qui n’ont rien à voir avec la volonté. Une étude récente révèle que les personnes avec une plus grande susceptibilité génétique à l’obésité doivent bouger davantage pour diminuer leur risque de développer de l’obésité que les individus à risque faible ou modéré (1).
Gènes et obésité
La technologie maintenant disponible pour l’analyse du génome humain a permis à la communauté scientifique d’identifier un certain nombre de gènes dont la variation dans leur structure était associée à la susceptibilité à prendre du poids et à développer l’obésité (2). Lorsqu’ils sont simultanément présents chez un individu, plusieurs gènes (aux effets plus ou moins importants lorsque considérés individuellement) peuvent augmenter la propension à accumuler de la graisse corporelle, spécialement dans l’environnement obésogène dans lequel nous vivons. Cette susceptibilité génétique à l’obésité influence aussi nos recommandations en matière d’activité physique.
Des chercheurs de l’Université Vanderbilt à Nashville ont tiré profit d’une grande étude américaine (All of Us Research Program) qui a comme objectif ultime de recruter 1 million de volontaires américains de 18 ans et plus qui acceptent de répondre à des questionnaires, de donner accès à leur dossier médical électronique, de se soumettre à différentes mesures, de fournir des échantillons biologiques et de recueillir des données par le biais d’objets connectés (1).
Gènes et activité physique
Dans l’étude en question, les chercheurs ont analysé chez 3051 participants la relation entre le nombre de pas mesuré par un objet connecté (Fitbit), un score de risque polygénique (nombre de gènes associés à l’obésité) et l’évolution de l’indice de masse corporelle (IMC) sur un suivi de 5,4 ans. Comme on pouvait s’y attendre, sur la base des données déjà publiées sur la susceptibilité génétique à l’obésité (2), plus le score de risque polygénique était élevé, plus l’incidence d’obésité augmentait (augmentation de 13% chez ceux avec un score faible et de 43% chez ceux avec un score élevé). À l’inverse, les participants dont le nombre de pas était élevé (quartile supérieur) montraient une réduction du risque de développer de l’obésité de 43% comparativement à ceux dont le nombre de pas était faible (premier quartile).
Combattre la génétique
Le point important de cette étude repose sur le calcul du nombre de pas nécessaire pour abaisser le risque de développer de l’obésité en fonction du score de risque polygénique. Les participants dont le score de risque polygénique était élevé avaient besoin de marcher 2280 pas par jour de plus (pour un total de 11 020 pas) que ceux qui avaient un score de risque polygénique moyen pour avoir un risque d’obésité comparable.
Au-delà du poids
Il importe de souligner que cette étude n’a rapporté que l’impact de la génétique et du nombre de pas sur l’évolution de l’IMC. Son mérite est de nous rappeler que nous ne sommes pas tous égaux face à l’impact de l’activité physique sur notre poids. L’obésité n’est donc pas nécessairement la conséquence d’un manque de volonté. Par ailleurs, au-delà du poids, votre marche quotidienne, indépendamment de votre génétique, vous apportera des bénéfices considérables sur votre santé physique et mentale!
(1) Brittain EL et coll. Physical Activity and Incident Obesity Across the Spectrum of Genetic Risk of Obesity. JAMA Network Open 2024;7(3):e243821.
(2) Loos RJF et Yeo GSH. The genetics of obesity: from discovery to biology. Nat Rev Genet 2022;23(2):120-133.