L’Administration portuaire de Montréal (APM) promet d’améliorer sa gestion de frais de fonction et de resserrer ses règles. L’alcool n’est d’ailleurs plus remboursé sauf lors de repas avec des clients à condition que la dépense soit raisonnable.
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Les directives précédentes ne faisaient aucune mention des dépenses d’alcool. La politique précisait que les frais de représentation devaient être «raisonnables et engagés de manière responsable».
«On peut faire mieux, puis on va faire mieux», insiste Mme Larouche.
Comme le révélait notre Bureau d’enquête, l’ex-PDG Martin Imbleau a facturé de grosses dépenses de restaurants, de voyages et d’alcool lorsqu’il dirigeait l’agence fédérale, entre janvier 2021 et septembre 2023.
La directive concernant l’alcool a été annoncée le 22 avril dernier, quelques semaines après notre demande d’accès sur les comptes de dépenses de son ex-PDG. Mme Larouche reconnaît que notre demande a entraîné des vérifications. Elle précise toutefois que l’arrivée de la nouvelle PDG, en février, explique cette révision en profondeur des politiques.
Julie Gascon, qui a notamment travaillé pour Transport Canada et la Garde côtière canadienne, a voulu instaurer de nouvelles règles en se basant sur les directives publiées par le Conseil national mixte de la fonction publique.
«Mon comité exécutif et moi-même sommes engagés à déployer les améliorations nécessaires», a indiqué Mme Gascon dans une déclaration écrite.
Des recommandations sont attendues sous peu d’une firme indépendante et APM entend les appliquer.
La confusion entourant l’application des indemnités repas lors des déplacements sera aussi corrigée. «La nouvelle politique énoncera clairement dans quel cas le per diem sera remboursé et dans quel cas ce sera possible de se faire rembourser avec reçu à l’appui lorsque la situation l’exige», nous explique-t-on.
Développement des affaires
APM précise toutefois que les dépenses de son ex-PDG M. Imbleau ont été réalisées dans un contexte particulier.
Le PDG avait un mandat de réaliser du développement des affaires, dit Mme Larouche. Mme Gascon souligne aussi un «contexte unique post-pandémique». À cela s’ajoutent les conflits de travail entre le Syndicat des débardeurs et l’Association des employeurs maritimes qui ont nui à la réputation du Port selon l’agence.
De plus, pour le projet d’expansion du Port à Contrecœur, APM devait chercher du financement privé. M. Imbleau négociait également avec le fédéral pour obtenir davantage de fonds publics. Ce projet, qui pourrait coûter 1,4 milliard $, a fait l’objet d’annonce de financement public pour plus de 580 millions dont 130 millions $ promis par le gouvernement Legault.
«Il est important de rappeler que l’APM ne reçoit aucun financement public pour ses dépenses d’exploitation et d’opération», poursuit Mme Gascon. Les subventions et les coûts d’exploitation sont deux budgets séparés, insiste Mme Larouche.
Une agence fédérale autonome
- L’Administration portuaire de Montréal est une agence fédérale autonome. Elle exploite le Port de Montréal au nom du gouvernement du Canada. Dans une lettre publique de 2021, l’ex-PDG Martin Imbleau parle du Port comme d’un «service public».
- Elle peut recevoir des subventions pour des projets comme l’expansion de ses activités à Contrecoeur.
- L’APM ne reçoit aucun financement public pour ses dépenses d’exploitation et d’opération, précise la PDG Julie Gascon
Le Port de Montréal est le plus important port à conteneurs de l’est du Canada avec plus de 2000 navires de conteneurs par année et a accueilli 49 escales de navires de croisière en 2023. Elle compte 265 employés.