Quatre ans après le tragique décès de la petite Frédérique Kaiser, 3 ans, sa famille se relève de ce drame terrible qui l’a changée «pour toujours».
«J’aimerais juste ça la ravoir dans mes bras. Je me demande toujours comment elle va, comment elle serait rendue, elle aurait 7 ans, c’est ça qui est difficile», dit la mère de famille, Marie-Pier Lévesque, la voix empreinte d’émotion en parlant de sa «Fredou» partie beaucoup trop tôt.
Sa fille est l’une des 25 petites victimes noyées dans une piscine résidentielle depuis 2020 au Québec.
Depuis le drame survenu dans leur piscine hors terre le 4 juillet 2020, il n’y a pas une journée qui passe sans qu’elle ait une pensée pour «son p’tit clown» qui aimait faire rire tout le monde, confie-t-elle.
«Le pire drame que tu peux vivre»
Par un bel avant-midi d’été, Frédérique, qui «adorait passer ses journées dans l’eau» se baignait avec ses frères, âgés de 7 et 13 ans, et sa sœur de 14 ans. Son père les observait en travaillant sur le patio. Son grand-père y était aussi pour donner un coup de main.
À l’intérieur, Mme Lévesque s’affairait à des tâches ménagères quand soudainement, elle a aperçu son conjoint en train d’aider son plus jeune à sortir la fillette de l’eau.
«On était tous présents, c’est vraiment le pire drame que tu peux vivre. C’est arrivé en trente secondes, puis c’est fini, il n’y a plus rien, plus de pouls, plus rien du tout», raconte-t-elle, bouleversée.
L’enfant a rapidement été transportée au centre hospitalier, où le personnel a tenté en vain à trois reprises de la réanimer.
Une mort silencieuse
Selon elle, c’est en voulant ramasser un caillou, qu’elle avait malencontreusement échappé dans la piscine, que sa fille a fait une chute fatale. «Je disais toujours aux enfants: on ne lance pas de roches dans la piscine pour ne pas briser la toile. […] Personne n’a rien entendu, pas de cris, pas d’éclaboussures, c’est vraiment silencieux», relate la mère.
L’enfant avait l’habitude de porter sa veste de flottaison, affirme Mme Lévesque, et c’est ce qu’elle a fait une bonne partie de la matinée.
Mais un de ses frères lui aurait retiré à sa demande, pour qu’elle puisse aller s’amuser dans le trampoline avec eux. «Ce n’était rien d’intentionnel. Pour lui, sa sœur c’était son bébé, ils étaient toujours ensemble», décrit Mme Lévesque, en ajoutant que le deuil fut particulièrement difficile pour son garçon.
À ce jour, Mme Lévesque n’a jamais remis les pieds dans une piscine. Elle s’en dit «incapable». «Les enfants se baignent, je les regarde, mais je n’y vais pas. Je me dis: “On dirait que si elle [Frédérique] n’a plus le droit d’avoir de fun, je n’ai pas le droit non plus.” […] Je ne suis pas encore prête», confie-t-elle.
Porte automatique
La piscine, qui venait d’être remplacée, était munie d’une clôture conforme. Un dispositif de fermeture de porte automatique, de type child safe, devait être installé par l’entrepreneur en début de semaine, selon ce qu’écrit le coroner André H. Dandavino, dans son rapport publié en avril 2021.
«Les enfants se baignaient in and out, alors la porte était ouverte» confirme Mme Lévesque, en rappelant l’importance de désigner un surveillant en tout temps.
Repartir à neuf
Depuis les tristes évènements, la famille Kaiser a quitté la région de Noyan pour s’installer à Saint-Herménégilde, en Estrie, où ils sont toujours agriculteurs, mais dans une plus petite ferme.
«On ne travaille plus sept jours sur sept comme avant. […] On voit la vie d’une autre façon, on en a juste une, il ne faut pas la manquer», dit-elle.
La mère de famille souhaite toutefois que la mort accidentelle de sa fille ne soit pas en vain. Elle estime que le gouvernement devrait investir pour implanter des cours de natation obligatoires pour les élèves d’âge primaire.