Un champion de hockey sur luge aux prises avec une paraplégie partielle depuis un accident de motoneige vient d’escalader le Kilimandjaro afin d’amasser des fonds pour ceux qui vivent une réalité semblable à la sienne.
«La journée du sommet, ç’a été l’expérience la plus tough de ma vie. Ça m’a tout pris pour me rendre, avec l’altitude et la fatigue», raconte candidement au bout du fil Vincent Boily, qui patientait jeudi dans un aéroport du Kenya, sur le chemin du retour.
Le 28 juillet dernier, le jeune homme de 24 ans originaire d’Alma a accompli ce qu’une importante partie de la population en pleine forme physique peinerait à faire.
En solo parmi un groupe d’étrangers, il a fait l’ascension du mont Kilimandjaro, soit la plus haute montagne d’Afrique, à 5895 mètres d’altitude.
En motoneige
«J’ai fait ça pour la cause. Je ne savais pas à quoi m’attendre», confie-t-il, humblement, après avoir marché plus de 90km.
La seule différence, c’est que Vincent vit avec une paraplégie partielle depuis un accident de motoneige survenu en décembre 2017, au Lac-Saint-Jean.
«Je me suis cassé la colonne vertébrale. Je suis resté paralysé un bon cinq mois. Ça m’a pris deux ans de réhabilitation pour marcher», se remémore-t-il.
Depuis, Vincent en a fait du progrès.
Celui-ci était promu à une belle carrière au hockey, et devait terminer la saison dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), au moment de son accident.
Il a ensuite dû faire preuve d’une résilience sans nom pour réorienter sa vie, surmontant notamment une sévère dépression.
«J’ai vraiment trouvé mon chemin dans le parahockey. Je termine mon baccalauréat en administration à l’UQAM. Ma vie a retrouvé un sens», dit celui qui a été sacré champion du monde de ce sport en mai dernier, avec Équipe Canada.
Une différence
C’est ainsi qu’en guise de modèle pour les gens vivant avec des limitations physiques semblables aux siennes, Vincent a eu l’idée folle de grimper seul le Kilimandjaro au nom de la Fondation Moelle épinière et motricité Québec.
«Je souhaite faire une différence», affirme-t-il, encore éreinté de son escalade de sept jours.
«Je suis quand même brûlé, poursuit le jeune homme qui a choisi le trajet le plus long afin d’éviter une ascension trop rapide. J’ai surmonté de gros obstacles. Je voulais me retrouver et pousser mes limites.»
Lentement, mais sûrement, il s’est hissé au sommet. Sur son groupe de onze grimpeurs, pas moins de quatre ont été forcés à l’abandon.
Deux fois plus
«Je peux marcher avec des orthèses sur de bonnes distances, mais ça me prend deux fois plus d’énergie que les autres parce que mes muscles ne fonctionnent pas tous bien», dit Vincent, qui se mettait de la pression pour réussir.
«Ce n’était vraiment pas facile. Mais ça m’en aurait pris beaucoup pour arrêter. La résilience, ça fait un peu partie de ma réalité, avec ce que j’ai vécu.»
Son périple a été suivi de deux journées de descente durant lesquelles il a pu savourer son exploit le sourire aux lèvres.