De plus en plus de propriétaires abandonnent sauvagement leurs animaux devant les refuges ou sur le bord de la route, parfois en pleine nuit, dénoncent plusieurs organismes.
«L’un de nos bénévoles a trouvé une boîte sur la galerie [du refuge] avec une chatte et ses deux chatons la semaine dernière. Ils étaient propres et sociables, donc ils venaient clairement d’une maison», déplore Andrée Boisselle, bénévole et responsable des soins animaliers à la Société protectrice des animaux du Littoral (SPAL), située à Saint-Anaclet-de-Lessard, près de Rimouski.
Depuis quelques années, les abandons d’animaux devant les refuges et les cliniques vétérinaires sont devenus monnaie courante, poursuit Mme Boisselle.
Mais c’est surtout la hausse considérable du nombre de signalements d’animaux abandonnés dans la nature qui est inquiétante, selon elle.
«Il y a beaucoup de gros chiens abandonnés, attachés au bord de la route, des chats laissés dans des boîtes de carton loin dans les forêts que des marcheurs nous signalent», dénonce-t-elle.
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Phénomène en hausse
Plusieurs refuges ont d’ailleurs confirmé au Journal que le phénomène semble s’intensifier cette année, comme à la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal.
«Juste avant l’été, on a un chien qui a été abandonné en avant de nos locaux, attaché à un arbre avec une note dans son cou», raconte la directrice générale de la SPCA de Montréal, Laurence Massé.
Le son de cloche est le même à la Société protectrice des animaux de Drummond (SPAD) ou à la SPCA régionale de St-Lin-Laurentides.
«Un homme est venu pour abandonner cinq chatons. On lui a dit qu’on ne pouvait pas les prendre, parce qu’il ne venait pas de notre municipalité, alors il les a laissés dans une boîte de carton en avant», raconte une employée de la SPCA St-Lin-Laurentides qui a demandé à taire son nom, par crainte de représailles.
Pour Philippe Labonté, directeur général de la Société protectrice des animaux de Drummond (SPAD), la COVID a fait reculer le Québec de dix ans en matière d’abandon.
«Certaines personnes abandonnent leur animal comme s’ils n’étaient rien», déplore celui qui est dans le domaine depuis 32 ans.
Culpabilité
Entre la crise de l’habitation, le peu de propriétaires qui acceptent les animaux, mais aussi la hausse du coût de la vie et des frais vétérinaires, l’employée des Laurentides craint que ce genre d’abandon sauvage se fassent de plus en plus souvent.
À Drummondville et Montréal, les refuges constatent aussi que de plus en plus de propriétaires font croire qu’ils ont trouvé un animal errant, alors qu’ils viennent plutôt abandonner le leur.
Pour Laurence Massé, c’est parce que les propriétaires sont pris par la culpabilité.
«Quand vous venez abandonner un animal, il n’y a aucun jugement qui sera porté. On comprend que les situations changent et l’on sait que c’est toujours déchirant. Mais pour le bien de l’animal, toutes les informations que l’on peut obtenir sur sa santé ou son comportement sont cruciales», martèle Laurence Massé.
LES DANGERS D’ABANDONNER SAUVAGEMENT UN ANIMAL
- Les bénévoles ne connaissent pas son état de santé et s’il a des maladies à traiter.
- Les bénévoles ne connaissent pas le nom de l’animal. L’utilisation du nom permet à l’animal de se sentir moins stressé.
- Impossible de savoir comment l’animal réagit face aux autres animaux, aux enfants, ou aux humains.
- Réduit les chances de l’animal de se faire adopter de 50% à 75%, selon le directeur général de la Société protectrice des animaux de Drummond (SPAD), Philippe Labonté.