La langue française est malmenée dans plusieurs stations-service Couche-Tard de Québec, où les messages affichés sur les bornes de paiement contiennent des fautes de français qui crèvent les yeux, a constaté le Journal.
«Carte détecter», «Ne retirer pas votre carte», «Transaction annulee»… voilà quelques exemples de fautes répertoriées par le Journal, lors d’un petit tour des stations-service de Québec.
Selon nos observations, ces erreurs sont plus fréquentes dans les stations-service Couche-Tard/Irving, mais certaines ont aussi été repérées dans un Esso. Le problème n’est pas généralisé, mais il est suffisamment courant pour qu’on le rencontre sans même le chercher.
Appelés à réagir et à dire si ces fautes seront corrigées, Couche-Tard et Irving n’ont tout simplement pas répondu au Journal.
Exemplarité
Or, les grandes entreprises devraient se soucier davantage de la qualité de la langue et faire preuve d’exemplarité à cet égard, croit la présidente de la Société Saint-Jean-Baptiste, Marie-Anne Alepin.
«Il y a un gros travail à faire de ce côté. Ce n’est pas juste les stations-service, ce sont aussi les systèmes de paiement. C’est bourré de fautes, ou c’est carrément en anglais, et on ne s’en rend même plus compte», lance-t-elle en entrevue.
«Je pense que les grandes entreprises devraient être exemplaires et se doter d’une politique linguistique», a-t-elle ajouté.
Certes, personne n’est à l’abri de commettre une faute par manque d’attention, et d’écrire un r au lieu d’un z dans un moment d’égarement. Mais cela ne peut guère servir d’excuse aux grandes compagnies, surtout pour des messages qui comportent entre deux et cinq mots.
Un enjeu majeur
Dans tout le débat linguistique au Québec, la question de la qualité de la langue est souvent reléguée au second plan, derrière celle de la «présence» du français, ou de sa quantité dans l’espace public.
Et de fait, le rôle de l’Office québécois de la langue française (OQLF) n’est pas de sillonner les rues avec un stylo rouge pour souligner et corriger les fautes. Au plus, l’OQLF «s’assure que l’affichage public est conforme, que la langue de service, la documentation commerciale et la langue de travail sont le français», en plus d’accompagner les entreprises pour les aider à adopter une terminologie française.
Dans un courriel au Journal, le cabinet du ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a reconnu que «La protection du français passe non seulement par sa valorisation, mais aussi par son bon usage», avant d’ajouter que «c’est de la responsabilité de tous».
En réalité, la qualité de la langue est un «enjeu majeur» auquel il faut accorder «plus d’attention», renchérit la présidente de la SSJB «Mais au fond, quand le statut de la langue s’appliquera de façon normale sur tout le territoire, la qualité de la langue va suivre», conclut-elle, sur une note d’optimisme.