Fede Alvarez est bien connu pour son travail de réalisateur de films d’horreur tels que Ne respire pas ou sa nouvelle version de L’opéra de la terreur. Mais il est également aux commandes du tout nouveau Alien: Romulus… avec la bénédiction de Ridley Scott.
«J’avais 1 an lorsque le premier Alien, celui de Ridley, est sorti en salle… je ne l’ai donc vu que longtemps après! Mon premier souvenir est d’avoir vu Aliens, le retour de James Cameron en VHS quand j’avais 12 ou 13 ans. Ensuite, j’ai réalisé qu’il fallait que je voie le premier! J’ai loué ceux qui étaient sortis à l’époque. Et j’ai vu Alien 3, celui de Fincher, au cinéma. Ils ont tous eu une énorme influence sur moi», nous a expliqué Fede Alvarez lors d’une entrevue peu de temps avant la sortie de Alien: Romulus.
Cet Alien: Romulus se déroule entre les deux premiers volets de ce qu’il faut bien qualifier de franchise. Fede Alvarez, qui a également co écrit le scénario, suit un groupe de jeunes qui explore une station spatiale abandonnée… avec le résultat qu’on imagine.
Pas que de l’horreur
«C’est en tant qu’admirateur que j’ai pensé à l’histoire, nous a-t-il dit. Je ne pense jamais en tant que réalisateur, mais toujours en tant que fan qui se demande quel film il veut voir. C’est un peu comme l’amateur de musique qui veut qu’un groupe fasse à nouveau ses premiers albums. Je voulais revenir à cette simplicité et à cette épure du premier long métrage. Et j’ai eu la chance que Ridley me laisse faire», a-t-il expliqué en détaillant la manière dont il a présenté le projet à Disney, Fox… et Ridley Scott.
S’il est surtout connu pour ses réalisations de films d’horreur, le cinéaste d’origine uruguayenne sait aussi s’en extraire comme en témoigne sa série Calls sur AppleTV+, étrangeté sans images, où les acteurs incarnent des personnes appelant les services du 911 à la suite d’événements inquiétants.
«Je ne sais faire les choses que de ma manière, a-t-il indiqué en riant. J’aimerais avoir du talent. Calls diffère de mes films et de la série des Aliens parce qu’il n’y a pas d’action, la série ne repose que sur les dialogues. Je fais partie de la vieille école, celle de Hitchcock qui détestait le son dans les films. Le scénario de “Ne respire pas” ne faisait que 62 pages, j’ai honte de le dire.»
«C’était génial, avec Calls, de pouvoir faire l’inverse. Avec Alien: Romulus, j’avais envie de mettre des dialogues. Oui, la seconde partie est intense, mais la première est de la construction de personnages, c’est un slow burn, quelque chose qui met du temps à se révéler.»
«À l’inverse des autres Alien, j’ai vraiment voulu prendre le temps de plonger dans la psychologie des personnages, de faire comprendre au public la dynamique entre eux, et, ainsi, de créer un lien d’attachement. J’ai aussi eu la chance de ne pas avoir de directives de la part des studios. Ils m’ont laissé faire le film que je voulais.»
Fede Alvarez n’a pas caché l’indice contenu dans le titre. Romulus, fondateur de Rome dans la légende, a été élevé par une louve avec son jumeau, Rémus. Et Rémus a été tué par Romulus! Faut-il donc y voir un autre indice?
«Il y a six personnages, et donc trois “fratries” dans des sens différents. Deux d’entre eux sont une fratrie réelle, de sang. Deux autres le sont par choix, ils ont grandi dans la même maison sans avoir les mêmes parents. Et les deux derniers le sont d’une autre manière, l’un étant un synthétique, c’est-à-dire un cyborg, une machine. Ils représentent tous une manière différente de faire partie d’une fratrie.»
«J’ai deux frères et c’est un sujet qui m’a toujours interpellé. Qu’est-ce que ça signifie d’être un frère? Quelles sont les responsabilités qui viennent avec et jusqu’à quel point peut-on s’en dégager? C’est l’un des thèmes principaux du film. Quant à Rémus, effectivement, ça s’est mal terminé pour lui. Et on espère que ça se finira bien dans cet Alien… ou pas!»
Simplicité volontaire
Fede Alvarez a tenu à faire construire tous les décors, à limiter au strict minimum l’usage du CGI et même à tourner en ordre chronologique.
«Je crois qu’il s’agit de quelque chose de générationnel, a-t-il souligné. Les gens de mon âge [46 ans] sont, de plus en plus, ceux qui font les films. Et les gens de ma génération, la génération X, sont tombés amoureux du cinéma des années 1980, c’est-à-dire d’avant le CGI. La magie du cinéma était la capacité de Hollywood à créer des univers.»
Alien: Romulus déboule en trombe sur les écrans de la province dès le 16 août.