Le volet masculin de l’Omnium Banque Nationale de tennis s’est conclu lundi soir avec un couronnement surprise, c’est-à-dire celui d’Alexei Popyrin, mais le tournoi a déjà réservé sa part de dénouements plutôt renversants au public canadien dans les récentes décennies.
Tombeur en finale d’Andrey Rublev, l’Australien a inscrit son nom dans le livre d’histoire des vainqueurs inattendus de cet événement annuel. Les gens ayant misé sur l’athlète de 25 ans qui détenait le 62e rang mondial au début de la compétition pour tout balayer sur son passage se comptent assurément sur les doigts d’une seule main.
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Questionnée mardi sur ce résultat qui vaudra possiblement une fortune à quiconque ayant parié sur Popyrin, la journaliste Jessica Lapinski a exprimé son étonnement, ajoutant toutefois quelques bémols qui peuvent expliquer davantage la présence de noms peu familiers à des stades avancés du tableau principal.
«Certains ont profité du fait que Montréal-Toronto est le premier Masters sur dur de la saison estivale. C’est plus ouvert qu’à Indian Wells ou Miami où les meilleurs au monde sont déjà sur la coche à leur arrivée», a estimé la représentante du Journal qui a épié les faits et gestes des participants durant quelques jours au stade IGA.
«Puis, ce fut un tournoi vraiment bizarre. Il y a eu les forfaits de Carlos Alcaraz et de Novak Djokovic, tandis que Daniil Medvedev a perdu tôt. La pluie a souvent perturbé le cours des matchs et, juste avant, les meilleurs se trouvaient aux Jeux olympiques. C’était plus difficile de s’y retrouver», a-t-elle également souligné.
D’autres champions sortis de l’ombre?
Avec Roger Federer à la retraite, Rafael Nadal sur le point de le rejoindre et Djokovic qui est âgé de 37 ans, la domination du trio de renom est révolue. Logiquement, les amateurs de tennis doivent s’attendre à voir davantage de roulement parmi les gagnants d’événements importants de l’ATP, surtout avec de jeunes loups comme Jannik Sinner (premier mondial) et Alcaraz qui se distinguent, ainsi que d’autres joueurs dans la force de l’âge qui occupent une place de choix dans le top 10. En revanche, le triomphe d’un homme classé au 62e rang constitue un cas particulier.
«C’est la plus grande surprise depuis Mikael Pernfors en 1993. Cependant, Pernfors avait déjà connu de bonnes années, à ses débuts sur le circuit, au milieu des années 1980. Il avait 30 ans, ce qui était vieux pour l’époque. Popyrin, lui, reste sur la pente ascendante, a indiqué Jessica Lapinski. Il reste que c’est tellement dur à comparer. Pendant 15 ans, on s’est habitué à voir les trois mêmes joueurs gagner à répétition, surtout dans les Masters 1000. Là, va-t-on revenir dans les années 1990, quand c’était plusieurs visages différents?»
Ainsi, le titre de Popyrin est loin de lui garantir des succès similaires au cours des prochaines semaines. À Cincinnati, où s’amorce cette semaine un autre tournoi réunissant les gros noms de la discipline, l’Australien pourrait bien s’éclipser rapidement… ou encore briller à nouveau.
«Oui, c’est un gars très bon qui a battu des adversaires talentueux, mais depuis quelques années, il stagne. Certes, il aura son meilleur classement à vie [23e], mais on ne prédira pas nécessairement sa domination dans le futur. Ce n’est pas comme en 2007, lorsque Djokovic a décroché le titre à Montréal; il faisait partie du top 15 au début de l’année, mais il n’était pas premier et le meilleur s’en venait. Quatre ans plus tôt, nous avons aussi vu un jeune Andy Roddick, qu’on voyait s’en venir, triompher ici», a évoqué la journaliste.
«Pour ce qui est de Popyrin, on ne se souviendra pas de lui comme un gars nous ayant fait vibrer.»
DES CHAMPIONS QU’ON N’ATTENDAIT PAS AU CANADA
– Mikael Pernfors, Suède, 95e au monde avant le tournoi, 1993
– Chris Woodruff, États-Unis, 57e, 1997
– Thomas Johansson, Suède, 22e, 1999
– Andrei Pavel, Roumanie, 43e, 2001
– Guillermo Canas, Argentine, 19e, 2002
– Pablo Carreno Busta, Espagne, 23e, 2022
– Alexei Popyrin, Australie, 62e, 2024