REGINA, Saskatchewan – Il y a de ces histoires qui s’écrivent durant un match et qui dépassent largement le cadre sportif. Ce fut le cas pour le quart-arrière des Alouettes Davis Alexander, vendredi soir en Saskatchewan, lorsqu’il a livré une performance inspirée pendant que son père Matt, aux États-Unis, livre une bataille contre le cancer.
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«Dans tous les aspects de la vie, il faut regarder vers l’avant et continuer de se battre chaque semaine», a confié l’athlète de 25 ans, les yeux rougis par les émotions, lors d’une rencontre exclusive avec Le Journal à sa sortie du terrain du stade Mosaic.
Alexander faisait alors allusion autant au football qu’à l’état précaire de son papa, un ancien joueur de rugby natif de l’Afrique du Sud aux prises, à seulement 56 ans, avec un cancer du poumon de stade 4.
«Quand l’adversité te frappe dans la vie, le sport peut devenir une libération, juste pour un instant», a témoigné à son tour l’entraîneur-chef Jason Maas, avec beaucoup d’empathie envers son joueur.
Maas, qui a perdu son père dans des circonstances tragiques alors qu’il n’était qu’un enfant, peut difficilement être mieux placé pour comprendre ce que vit Alexander. Il aurait fallu des circonstances exceptionnelles pour qu’il sorte le quart-arrière de cette partie, vendredi soir, même si le vétéran Cody Fajardo était disponible sur les lignes de côté.
L’histoire écrite d’avance
Dans un scénario improbable, c’est d’ailleurs Alexander qui, avec une trentaine de secondes à écouler au quatrième quart, a procuré une victoire de 27 à 24 aux Alouettes grâce à un touché suivant une course de 15 verges sur le long de la ligne de démarcation.
«Les gars m’ont dit que l’histoire était écrite d’avance pour moi, c’est ce qui devait arriver, a encore commenté celui qui est originaire de Gig Harbor, dans l’État de Washington. Évidemment, ç’a été toute une semaine pour moi, mon père se bat comme un diable présentement et je vais me battre moi aussi comme un diable pour toujours, grâce à lui et pour lui.»
Pendant une visite-éclair auprès de son père, la semaine dernière en Arizona, Matt Alexander avait d’ailleurs du mal à communiquer avec son entourage, mais il a eu un regain d’énergie, le temps d’un match.
«Je sais que mon père, ma belle-mère et mon frère [Dillon] ont regardé le match avec lui à l’hôpital, a précisé Alexander. Ils avaient la télévision et ils mettaient le haut-parleur à son oreille… Ça devait arriver, tu comprends.»
Après la «main de Dieu»…
En Saskatchewan, plusieurs partisans des Roughriders estiment qu’Alexander a pourtant sorti le gros orteil du terrain sur sa course miraculeuse. Après la mythique «main de Dieu» de Maradona lors de la Coupe du monde de soccer de 1986, c’est le gros orteil d’Alexander qui aura fait jaser.
«Parfois, ces choses arrivent, c’est peut-être la touche de Dieu ou la touche de ce en quoi tu veux bien croire, mais je pense que ça reste une particularité reliée au sport», a philosophé Maas.
«Cette fois, c’est la main de son père, a pour sa part tranché Byron Archambault, adjoint à l’entraîneur-chef et coordonnateur des unités spéciales chez les Alouettes. Parfois, le sport te permet de te libérer, de moins penser pendant un moment à ce qui te fracasse, mais tu le portes toujours avec toi, tu le portes sur le terrain.»