Un proxénète allégué qui aurait drogué deux adolescentes pour abuser d’elles et les faire plonger dans la prostitution devra troquer sa vie oisive pour celle austère de la prison, puisqu’un juge a ordonné sa détention jusqu’à son procès.
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«Le proxénétisme est une des plus abjectes formes de criminalité. L’exemplarité doit être priorisée envers ceux qui commettent des crimes visant à asservir une autre personne et qui vivent en parasite aux dépens de leur victime», a commenté le juge Serge Cimon, vendredi dernier au palais de justice de Laval.
C’est que selon la preuve de la Couronne, Ahmed Hadj-Sahraoui, 27 ans, aurait abusé de deux ados de 16 et 17 ans après les avoir rencontrées en 2023. À l’époque, il vivait aux crochets de ses parents, qui le logeaient et le nourrissaient sans frais, en plus de le laisser faire tout ce qu’il voulait.
Drogue et sexe violent
Mais de toute évidence, les milliers de dollars qu’il recevait de papa et maman ne suffisaient pas, puisqu’il aurait ensuite manipulé une première victime afin qu’elle devienne escorte, après lui avoir fait essayer de la cocaïne pour la forcer à des relations sexuelles violentes.
«[L’ado] lui dit “non”, qu’elle a mal et pleure, a noté le juge. Le lendemain, [l’ado] communique avec l’accusé pour obtenir de la cocaïne, afin d’oublier ce qu’elle vient de vivre.»
Hadj-Sahraoui aurait ensuite incité la fille à devenir escorte, mais en lui assurant qu’elle n’avait qu’à prendre l’argent et quitter les lieux, laissant le client en plan. Évidemment, c’est lui qui gardait tout le magot.
«Elle évalue à 5000$ ou 6000$ l’argent que l’accusé a gagné avec elle», a noté le juge.
Hadj-Sahraoui aurait ensuite fait une autre victime, âgée de 16 ans, tout en forçant les deux ados à avoir des rapports sexuels ensemble, avec lui, pendant qu’il filmait.
Père vigilant
Les crimes allégués de Hadj-Sahraoui ont pris fin quand le père d’une des filles est allé voir la police en leur remettant un cellulaire qui contenait de nombreux messages incriminants pour le proxénète allégué. Ce dernier a été arrêté et fait face à 22 chefs d’accusation, en lien avec le proxénétisme, mais aussi pour pornographie juvénile.
Il espérait toutefois être remis en liberté sous caution, en promettant de respecter un couvre-feu et de tenter de régler ses problèmes de drogue, mais sans succès, vu la gravité des crimes. Et ce, même si Hadj-Sahraoui disait que si l’on se fiait à la preuve de la Couronne, il avait été «correct» avec les ados puisqu’elles n’ont pas eu à fournir de services sexuels, mais juste frauder les clients.
«Ça n’existe pas, un bon proxénète», a noté le juge, qui a ajouté que l’accusé avait de toute évidence un problème de respect envers les personnes de sexe féminin.
Le magistrat a ensuite rappelé que, selon un rapport de 2020, plus du tiers des victimes de proxénétisme au Québec étaient mineures.
«Devant de tels crimes, les tribunaux ne devraient pas hésiter à dénoncer l’horreur que les proxénètes font endurer à leurs victimes et envoyer un message clair à tous ceux qui seraient tentés de les imiter», a-t-il dit, pour ensuite ordonner la détention de Hadj-Sahraoui.
Ce dernier reviendra à la cour dans les prochaines semaines, pour la suite des procédures.