Israël a affirmé avoir déjoué dimanche une attaque à grande échelle du Hezbollah en menant de multiples frappes au Liban, mais le mouvement libanais a dit avoir réussi à lancer des centaines de drones et de roquettes sur des positions israéliennes pour venger la mort d’un de ses chefs.
L’armée israélienne n’a pas fait état de victimes dans l’attaque du Hezbollah, et a parlé de «dégâts mineurs» dont des incendies. L’état d’urgence a été décrété sur l’ensemble du territoire d’Israël pour 48 heures.
Alors que le président américain Joe Biden suit «attentivement les événements», un porte-parole du Pentagone a affirmé que les États-Unis étaient «prêts à soutenir» la défense d’Israël, leur allié.
Armé et financé par l’Iran, ennemi juré d’Israël, le Hezbollah avait menacé Israël, voisin du Liban, d’une riposte après la mort d’un de ses chefs militaires Fouad Chokr, tué le 30 juillet dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth.
Le Hezbollah ainsi que l’Iran et le Hamas palestinien, engagés dans une guerre contre Israël à Gaza depuis plus de dix mois, ont menacé aussi de répondre à l’assassinat imputé à Israël de l’ex-chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, à Téhéran le 31 juillet.
Après des renseignements sur des préparatifs d’attaque du Hezbollah, l’armée de l’air israélienne a lancé «peu avant 5 h une opération complexe durant laquelle une centaine d’avions ont frappé des milliers de rampes de lancement de roquettes pointées vers le nord d’Israël dans 40 zones de tir dans le sud du Liban», a déclaré un porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Nadav Shoshani.
«Attaque planifiée»
Les tirs du Hezbollah faisaient partie d’une «attaque planifiée comme plus importante et nous avons pu en déjouer une bonne partie», a-t-il précisé.
L’opération israélienne a été déclenchée pour «éliminer les menaces visant les citoyens israéliens», a dit l’armée.
Le Hezbollah, dont le chef, Hassan Nasrallah, doit s’exprimer à 15 h, a qualifié de «vides de sens» les déclarations d’Israël «concernant l’action préventive menée» par son armée et «l’échec de l’attaque de la résistance».
Dans un communiqué, le mouvement chiite a indiqué avoir lancé «un grand nombre de drones» sur le territoire israélien et tiré «plus de 320» roquettes Katioucha sur 11 bases militaires en Israël et sur le plateau du Golan syrien occupé par Israël.
L’attaque, qui a visé «casernes et positions israéliennes», «s’est achevé avec succès» et «est terminée» pour dimanche, a affirmé le mouvement qui exerce une influence prépondérante au Liban.
Les rebelles houthis du Yémen ont félicité le Hezbollah pour son attaque et renouvelé leurs menaces contre Israël.
Selon l’armée israélienne, le Hezbollah a tiré «plus de 150 projectiles vers Israël», dont plusieurs ont été interceptés.
Au Liban, les autorités ont fait état de trois morts – dont un combattant selon le mouvement Amal, allié du Hezbollah – dans les frappes israéliennes dans le sud du pays.
Le bureau de la coordinatrice de l’ONU et la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul), déployée à la frontière israélo-libanaise, ont appelé les deux parties à «cesser le feu».
Vols annulés et retardés
Après que des avions ont été retardés et des atterrissages déroutés vers d’autres aéroports d’Israël, l’Autorité de l’aviation civile a annoncé la reprise des vols vers et au départ de Tel-Aviv.
L’aéroport de Beyrouth continue de fonctionner, même si certaines compagnies dont la Royal Jordanian et Etihad Airways ont annulé leurs vols.
Air France a suspendu ses vols vers Tel-Aviv et Beyrouth jusqu’à lundi «a minima».
Depuis des semaines, la communauté internationale dit craindre une escalade militaire régionale entre l’Iran et ses alliés d’une part et Israël de l’autre, à l’heure où la guerre perdure à Gaza.
Celle-ci a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël. Le lendemain, le Hezbollah ouvrait un front contre Israël, en «soutien» au Hamas et depuis la frontière entre les deux pays est prise dans un engrenage de violences.
Dans ce contexte explosif, le porte-parole de M. Netanyahu a déclaré à l’AFP que la décision d’envoyer ou non une délégation au Caire pour poursuivre les négociations sur une trêve à Gaza, serait prise plus tard dans la journée.
Une nouvelle session de discussions a commencé jeudi dans la capitale égyptienne, en présence des chefs du renseignement israélien, du directeur de la CIA, William Burns, ainsi que des chefs du renseignement égyptien et qatari. Elle devait se poursuivre dimanche.
Le Hamas ne participe pas à ces négociations, qui interviennent après des mois de pourparlers sans résultat.
L’attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1 199 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. 251 personnes ont aussi été enlevées ce jour-là: 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.
L’offensive israélienne à Gaza a fait au moins 40 334 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, provoqué un désastre humanitaire et sanitaire et déplacé 90% des 2,4 millions d’habitants du territoire assiégé et dévasté selon l’ONU.
Le ministère ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués mais d’après l’ONU, la plupart sont des femmes et des enfants.
Dimanche, des frappes israéliennes ont visé Gaza-ville (nord) faisant trois morts et des combats ont opposé l’armée au Hamas à Deir al-Balah (centre), selon des témoins.