Sans préparation du terrain ni cause tangible, Jagmeet Singh vient de tenter une manœuvre désespérée pour essayer de redresser le navire du NPD.
Il prétend «déchirer» l’entente qui le lie à Justin Trudeau depuis des années, mais il garde une porte ouverte pour… soutenir les libéraux.
Une annonce fantôme
Singh n’était même pas présent pour effectuer sa grande annonce. Donc pas de questions des journalistes pour lui. Il a plutôt envoyé aux médias une vidéo accompagnée d’une déclaration écrite!
Cette déclaration est une pièce d’anthologie.
Monsieur Singh y peste que «les libéraux sont trop faibles, trop égoïstes et trop redevables aux intérêts des grandes entreprises pour se battre pour les gens». Pourtant, il ne s’est rien passé de particulier pendant l’été qui a changé la donne.
En fait, rien… sauf la dégringolade du NPD dans les sondages!
Des élections partielles
Les nouvelles que je reçois des gens sur le terrain dans l’élection partielle au Manitoba ne sont pas réjouissantes pour le NPD.
Elmwood—Transcona est un fief détenu par la redoutable famille politique des Blaikie, associée au NPD depuis des lustres.
Daniel Blaikie a démissionné il y a quelques mois pour aller travailler avec le nouveau gouvernement du NPD à Winnipeg, ce qui a déclenché cette partielle.
Face à cette défaite potentielle, Singh joue donc le tout pour le tout.
Il y a une autre élection partielle en ce moment, celle devant mener au remplacement de David Lametti, l’ancien ministre de la Justice congédié par Justin Trudeau, dans LaSalle—Émard—Verdun.
C’est là l’espoir de Singh qui aurait, dit-on, de vraies chances d’y gagner un deuxième siège québécois. Sauf qu’il y avait un problème sur le terrain qu’il a tenté de corriger avec sa sortie d’hier. À chacune des portes où ils se présentaient, ses bénévoles se faisaient demander sans cesse pourquoi le NPD continuait d’appuyer les libéraux de Trudeau.
Sa manœuvre selon laquelle il vient de «de déchirer l’entente», si faible soit-elle, vise ainsi à redorer le blason de Singh avec les progressistes et gagner cette partielle.
Une chose et son contraire
Singh cherche à nous faire croire qu’il va faire tomber le gouvernement Trudeau et ainsi provoquer une élection générale. C’est du moins ce que beaucoup de gens ont compris en apprenant la nouvelle choc, en l’entendant dire qu’il avait «déchiré» son pacte avec Trudeau.
Toutefois, le texte de son annonce dit tout le contraire et ça vaut la peine de le citer:
«La fin de l’accord n’envoie pas automatiquement les électeurs aux urnes – c’est la majorité des parlementaires qui votent contre le gouvernement dans le cadre d’une mesure de confiance qui le fait. M. Singh a déclaré que le NPD était prêt pour des élections et qu’un vote de non-confiance serait possible à chaque fois qu’une mesure de confiance serait présentée.»
Singh joue avec les mots. Il ne dit pas qu’il va voter contre les libéraux. Il dit qu’il va y penser à chaque fois.
Les conservateurs, comme opposition officielle, peuvent à tout moment présenter une motion de non-confiance. Que fera Singh à la première occasion? S’il vote pour les libéraux tandis que les conservateurs et le Bloc votent contre, il aura encore une fois sauvé Trudeau, mais cette fois plus que jamais aux dépens de sa propre crédibilité.
À suivre.