Malgré une récente condamnation pour avoir fui la police, une passeuse accusée par les autorités américaines d’avoir causé la mort de huit migrants en leur faisant traverser la frontière veut quand même être libérée pendant son processus d’extradition.
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«On travaille avec l’accusée et des membres de sa famille pour préparer un plan de sortie», a affirmé un représentant de Stephanie Square, ce vendredi, au palais de justice de Montréal.
Square, une résidente d’Akwesasne âgée de 51 ans, est accusée aux États-Unis d’être à la tête dirigeante d’un réseau de passeurs qui opérait dans la réserve mohawk, qui se trouve à cheval sur les territoires du Québec, de l’Ontario et de l’État de New York.
Trop périlleux
Une de ces opérations, survenue en mars 2023, a toutefois tourné en tragédie. À l’époque, deux petites familles incluant deux bambins voulaient traverser le fleuve Saint-Laurent afin de se rendre aux États-Unis, dans l’espoir d’une vie meilleure.
Étant en situation irrégulière, elles auraient alors été mises en contact avec le réseau de Square, qui aurait accepté d’effectuer le passage illégal en échange de quelques milliers de dollars.
Or, selon les autorités américaines, la météo était particulièrement mauvaise ce jour-là, au point où un pilote se serait retiré de l’opération.
«[Il] a refusé de prendre l’eau en raison du danger, indiquent les rapports d’enquête. Selon lui, Square lui a alors acheté un petit bateau pour 5000$ afin de quand même transporter les migrants.»
Square aurait ensuite embauché un autre pilote afin de diriger l’embarcation. Sauf que le mauvais temps a fait en sorte que l’embarcation a chaviré, ne laissant aucune chance aux passagers.
La famille Irordache, qui avait des enfants de 6 mois et de 2 ans, a été décimée, tout comme la famille Chaudhari.
Un «danger pour le public»
Square a finalement été arrêtée il y a deux semaines, à la demande des procureurs de l’État de New York, qui veulent la juger chez eux. Elle est détenue depuis dans un centre québécois, mais elle espère maintenant être libérée sous caution.
Pour y arriver, elle devra proposer un plan de sortie qui convaincra le juge qu’elle ne représente pas de risque de fuite, que les conditions proposées protégeront la société, et que sa libération ne nuise pas à la confiance du public dans le système de justice.
Or, Square n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. Quelques semaines avant le drame, elle avait fui les policiers d’Akwesasne qui cherchaient à l’intercepter, ce qui lui avait valu une probation d’un an.
Et après la mort des huit migrants, elle aurait continué ses opérations, selon les autorités américaines qui l’ont qualifiée de «danger pour le public».
Plus récemment, elle a été condamnée à une autre probation, cette fois pour avoir été en possession de cigarettes de contrebande.
Square reviendra à la cour dans les prochaines semaines pour la suite des procédures.