C’est connu, le Tournoi international de hockey pee-wee de Québec permet de tisser des liens pour la vie. C’est le cas pour Steve Fortin et ses enfants, qui ont vécu difficilement le décès tragique des frères Johnny et Matthew Gaudreau, hébergés dans leur cocon familial lors du tournoi en 2006 et 2007.
La tradition pee-wee des familles d’accueil rapproche inévitablement les jeunes joueurs et les gens de Québec, qui leur procurent un toit pendant la durée de l’événement.
Il y a 18 ans, les petits Gaudreau représentaient les Bears Jr. de Hershey et débarquaient dans la famille Fortin. Malgré les années qui se sont écoulées, les ponts n’ont jamais été coupés entre les deux clans.
«On est resté en contact avec Guy (le père), Jane (la mère), Katie, Kristen, toute la gang… Cette nouvelle a été un dur coup pour notre famille. C’est triste, c’est vraiment une tragédie», a confié Steve Fortin au bout du fil, lui qui est désormais établi à Miami.
Des échanges familiaux
Pendant près de 30 ans, Steve Fortin a hébergé des joueurs pee-wee. Parmi tous les liens créés, ceux avec la famille Gaudreau ont été durables après le passage de Johnny en 2006 et de Matthew l’année suivante.
Guy, le paternel, s’exprimait plutôt bien en français. À l’été 2007, il avait invité les enfants de la famille Fortin à séjourner chez les Gaudreau, dans le New Jersey, afin qu’ils prennent part à son camp de hockey, en plus de renouer avec Johnny et Matthew.
Les jeunes Alexandre, Émilie et Claudia étaient alors âgés respectivement de 6, 9 et 11 ans. À travers leur passion commune pour le hockey, tous s’entendaient comme larrons en foire.
«Les enfants aussi trouvent ça difficile. J’étais à Las Vegas dans les derniers jours et mes enfants n’arrêtaient pas de m’écrire. Ils ont vraiment été sous le choc.
«Quand ils ont été chez les Gaudreau, c’était justement là où l’accident de jeudi passé est arrivé. Mes enfants allaient courir dans ce bout-là à tous les soirs. Je connais le coin vraiment comme il faut, à la frontière du New Jersey. Ça me fait penser à une route rurale comme sur l’île d’Orléans. Sachant que mes enfants ont été là, je visualise très bien où c’est arrivé», a-t-il dit.
De bons vivants
Steve Fortin se souvient de Johnny et Matthew Gaudreau comme de deux «jeunes bons vivants» au sein d’une famille vraiment unie.
«C’était vraiment deux bons petits gars et la famille a toujours été tissée très serrée. Mais quand je te dis serrée, c’est solide, solide, solide! En restant amis avec eux, on a vu au fil des ans qu’ils étaient tout le temps ensemble partout. Ils se rassemblaient vraiment souvent. C’est pour ça que Johnny avait fini par signer à Columbus. Il n’avait rien contre Calgary, mais il voulait être plus proche de sa famille», a indiqué Steve Fortin.
Des moments marquants
Au fil des ans, ce dernier est demeuré en contact avec Johnny Gaudreau, mais surtout avec son père. Il leur est aussi arrivé de se revoir pour vivre des moments que Steve Fortin n’oubliera pas de sitôt.
«La game 7 que Johnny a marqué en prolongation contre Dallas (en séries, le 15 mai 2022), j’étais là, sur place à Calgary. C’était complètement fou», s’est-il remémoré avec émotion.
«Avec Johnny, on s’écrivait de temps en temps, mais un moment donné, tu perds le fil. Il voyageait tellement comme joueur de hockey. On a chacun nos vies, je ne suis pas du genre groupie. Avec ses parents, on est vraiment restés très proches.»
Si le hockey a rapproché les deux familles, c’est aussi des moments passés à Québec, lors du Tournoi pee-wee à glisser dans les pentes ou à patiner dans la cour extérieure, qui laissent des souvenirs indélébiles.
«Ma plus vieille a le même âge qu’avait Matthew. Il me semble que tout ce qui vient d’arriver, ça se peut pas. Quand je dis que c’est un choc, c’est vraiment le cas», se désole Steve Fortin.