Les nombreux bris de services en matière de transport scolaire qui empêchent des milliers d’élèves québécois de prendre l’autobus pourraient être corrigés s’il y avait une prise en charge du secteur public, selon un chercheur de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
Cette situation est causée en grande partie par la pénurie de main-d’œuvre qui afflige le secteur, illustre Colin Pratte.
«Le transport scolaire, c’est un service public, mais qui est sous-traité à des entreprises privées, et manifestement, celles-ci ont du mal à attirer et retenir la main-d’œuvre», dit l’expert.
«Il faut savoir que le transport scolaire offre des conditions de travail très difficiles. Ce sont des horaires atypiques, avec une rémunération qui est inférieure à des secteurs comparables», ajoute-t-il.
Le chercheur remet d’ailleurs en question les motivations des entreprises qui gèrent le transport scolaire puisque ces dernières sont très rentables.
«Elles affirment qu’elles n’ont pas la marge de manœuvre financière suffisante pour rehausser la qualité des services. Or, on a constaté que ce sont des entreprises qui ont maintenu, entre 2012 et 2019, un taux de profit moyen avant impôt de 13 à 14%. À titre comparatif, les entreprises canadiennes ont un taux de profit de 6 à 7%» constate-t-il.
Des solutions prometteuses
Pour contrer le problème des bris de services, certains centres de services scolaires ont participé à un projet pilote lors duquel ils prenaient en charge une partie de la flotte d’autobus scolaires.
Les résultats de ces initiatives semblent donner raison au chercheur.
«Dans Lanaudière, c’était endémique. Il y avait des milliers de bris par année. Or, dans la foulée des projets pilotes, les bris de services ont diminué de 95%», illustre-t-il.
Colin Pratte croit que cette réduction s’explique par la capacité du système public d’offrir de meilleures conditions de travail aux chauffeurs.
Rappelons qu’environ 35 000 bris de services sont survenus lors de l’année 2022-2023, ce qui a affecté environ 8000 élèves par jour.
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus.