L’ex-magnat de la mode Peter Nygard a été condamné lundi à Toronto à 11 ans de prison pour des agressions sexuelles sur quatre femmes, dans le premier des nombreux procès qui attendent l’ancien millionnaire.
Incarcéré depuis décembre 2020, l’octogénaire est accusé de dizaines de viols et agressions sexuelles au Canada et aux États-Unis sur plusieurs décennies.
«Peter Nygard est un prédateur sexuel», a estimé le juge de la Cour supérieure de Toronto Robert Goldstein. «Il est aussi un exemple de réussite canadienne qui a très mal tourné», a-t-il noté dans son verdict, ajoutant qu’il a «utilisé sa richesse et son pouvoir pour commettre quatre agressions sexuelles».
Plusieurs fois repoussée, sa sentence tombe presque un an après qu’il a été reconnu coupable en novembre 2023 d’avoir profité de son statut de dirigeant de l’un des plus grands fabricants de vêtements féminins du Canada pour agresser sexuellement plusieurs femmes et une jeune fille de 16 ans entre 1988 et 2005.
Gerri Wiebe, l’avocate de Peter Nygard, qui continue à nier les faits, a indiqué que son client comptait faire appel de cette sentence et de ses condamnations.
La procureure demandait au moins 15 ans de prison pour l’ancien homme d’affaires de 83 ans, incarcéré depuis son arrestation en 2020. La défense demandait, elle, une peine de six ans, invoquant son âge avancé et sa santé défaillante.
Dans son allocution, le juge a souligné la «grande violence» de l’accusé, «la durée de ses agressions» et «les manipulations utilisées pour amener les victimes dans (son) appartement privé».
Il a également relevé que Peter Nygard, présent en fauteuil roulant, capuche noire sur la tête et visière blanche sur les yeux pour se cacher de la lumière, n’avait pas modéré son comportement au fil des ans.
«Quatre années d’enfer»
Dans la salle comble, plusieurs victimes canadiennes et américaines de celui que certaines ont décrit comme un «monstre» étaient également présentes.
«Nous avons enfin tourné la page», a déclaré dans un communiqué l’une des plaignantes dont l’identité est protégée par la cour. «Le chemin a été long et semé d’embûches, mais nous l’avons fait», a-t-elle ajouté, soulignant avoir vécu «quatre années d’enfer».
Ami des stars hollywoodiennes, voyageant en jet privé orné de son nom en lettres capitales, et amateur de fêtes somptueuses organisées dans ses immenses résidences des Bahamas et de Los Angeles, il avait plaidé non coupable à l’ouverture de son procès.
Pendant plusieurs semaines, ses victimes ont dit avoir été «piégées» par Peter Nygard, se retrouvant dans une pièce avec un lit, un bar et dont la porte, sans poignée, était fermée avec un code.
La chute d’un empire
Avant son arrestation, cet homme d’affaires, immigré finlandais arrivé enfant au Canada, aimait à conter son incroyable ascension: parti de rien, il a monté un empire de la mode depuis Winnipeg (sud-est).
Il a fondé la plus grande compagnie de vêtements pour femmes au Canada, comptant jusqu’à 170 magasins à travers le pays. Ses avoirs ont par le passé été évalués à 850 millions de dollars (plus de 575 millions d’euros).
Mais tout s’est effondré en 2020, lorsque la police a perquisitionné son siège social à Manhattan et que sa société s’est placée sous la protection de la loi sur les faillites peu de temps après.
La même année, il a été arrêté au Canada après qu’un dénonciateur eut publié des images montrant une jeune fille de 17 ans dansant sur une barre de strip-tease dans l’avion privé de Peter Nygard.