La vaste campagne publicitaire du gouvernement Legault pour la défense de la langue française, au coût de 2,5 millions$, rate la cible, selon un groupe de militants. Les citoyens sont laissés à eux-mêmes face au déclin de la langue officielle, déplore le Mouvement Québec français.
«Après avoir renoncé aux mesures les plus structurantes pour contrer l’anglicisation de notre société, ce gouvernement vient nous dire, à nous les citoyens: “Débrouillez-vous”», affirme le président du Mouvement Québec français (MQF), Maxime Laporte.
Avec son «infopub», le gouvernement de la CAQ atteint le «summum de la déresponsabilisation politique», dénonce-t-il.
Québec a annoncé, lundi, le lancement d’une importante campagne publicitaire, d’une durée de 10 semaines, afin d’inciter les Québécois à exiger le français dans tous les aspects de la vie en société.
Les messages seront diffusés à la télé, à la radio, dans les journaux et sur des affiches extérieures.
Mais les groupes de défense de la langue française reprochent au gouvernement Legault de ne pas avoir posé, depuis son arrivée au pouvoir, des gestes plus coercitifs, comme l’imposition de la loi 101 au cégep.
Maxime Laporte aimerait également voir Québec rééquilibrer le financement entre les réseaux universitaires anglophone et francophone, en plus de contrôler l’ensemble de l’immigration comme le réclame François Legault.
Responsabilité
De son côté, la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) salue l’initiative de Québec et invite la population à dénoncer les dérives vers l’anglicisation de la métropole.
Mais, comme le MQF, elle appelle le gouvernement à prendre des mesures plus costaudes, comme l’obligation de fréquenter le cégep en français. «Oui, c’est important que les concitoyens et concitoyennes se responsabilisent eux-mêmes, mais il ne faudrait pas non plus tout mettre sur leurs épaules», explique la présidente de la SSJB, Marie-Anne Alepin.
En entrevue avec notre Bureau parlementaire la semaine dernière, le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, rappelait que son gouvernement avait adopté un bouquet de mesures depuis son entrée en poste, notamment en limitant le nombre de places dans les cégeps anglophones et en imposant une plus grande maîtrise du français aux immigrants.
Coupes en francisation
Chez les adversaires politiques de la CAQ, on s’étonne surtout de voir une campagne de 2,5 millions$ être lancée au même moment où Québec supprime l’aide financière de 28$ par jour accordée aux étudiants en francisation à temps partiel.
Tout en saluant la campagne, la libérale Madwa-Nika Cadet a soulevé «l’incohérence» du gouvernement dans ce dossier.
«Protéger et faire la promotion du français, c’est d’abord donner les moyens à celles et ceux qui font la file pour l’apprendre», a renchéri la critique de Québec solidaire, Ruba Ghazal.
Un constat partagé par Pascal Bérubé, du Parti Québécois. «On n’a plus d’argent pour la francisation, mais on a de l’argent pour la publicité», déplore-t-il.
Comme les militants du MQF et de la SSJB, le député péquiste milite plutôt en faveur de l’imposition du français au cégep afin d’éviter que «les enfants de la loi 101 transfèrent de façon massive vers l’anglais».