La récente discussion entourant l’homophobie qu’a vécue l’enseignant Francis Richer dans sa classe a été rapidement éclipsée par le long texte que le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, a partagé à ce sujet sur les réseaux sociaux. Le caractère multiethnique de cette classe pourrait effectivement être une des causes de l’homophobie vécue par Francis Richer. Mais une fois que c’est dit, que faire? Fermer les frontières demain matin? Il est un peu trop tard, les élèves issus de l’immigration qui occupent les bancs d’école étant déjà au Québec…
Trop d’immigrants, peu de tolérance
L’école est un lieu important dans la promotion de la tolérance. C’est à travers la mixité et le dialogue que les perceptions évoluent et que de nouvelles perceptions se forgent.
Plusieurs de mes perceptions ont d’ailleurs changé grâce à mes amitiés non sri-lankaises au secondaire! Mais que faire quand 90% de la classe est multiethnique?
Parler du «trop plein» de personnes immigrantes est une chose. Parler de l’enseignement à la tolérance et l’ouverture d’esprit dans nos écoles québécoises, comme le fait de manière avisée M. Richer, en est une autre.
Bien qu’il soit indéniable que des sujets tels que la diversité sexuelle demeurent tabous au sein de plusieurs communautés ethnoculturelles, faire porter la responsabilité de l’homophobie vécue à l’école sur l’immigration contribue à la polarisation du débat plutôt que de favoriser des solutions.
Maintenant qu’on a pris connaissance de ce nouveau «problème» de société, quelles sont les solutions à mettre en place pour que nos écoles soient capables de mieux intégrer les élèves issus de l’immigration?
Formation des cadres et éducation à la sexualité
D’abord, soulignons qu’il est inacceptable que la direction de l’école de Francis Richer ne l’ait pas soutenu dans ses démarches par crainte de représailles de la part des parents. Le respect et l’acceptation des personnes LGBTQ+ doivent être encouragés.
Et cela n’implique pas que tout le monde devienne gai! Cette nuance, auprès des parents immigrants, a le potentiel de les rassurer.
Les directions d’école, les personnes enseignantes et le personnel scolaire doivent recevoir une formation adéquate sur la gestion des tensions identitaires et culturelles. Cela implique de leur donner des outils concrets pour mieux accompagner les élèves tout en prenant conscience des origines culturelles et parfois religieuses.
La formation doit aussi insister sur l’importance de protéger la sécurité des personnes enseignantes, peu importe leur orientation sexuelle ou leurs convictions. On ne peut pas tolérer l’intolérable sous prétexte de ménager certaines sensibilités!
Les programmes d’éducation à la sexualité doivent reconnaître les tensions identitaires vécues par des élèves issus de la diversité culturelle et religieuse pour favoriser un climat d’ouverture et de respect.
L’expertise de Julie Descheneaux, professeure à l’UQAM, abonde en ce sens. Les travaux de Sivane Hirsch, professeure à l’Université Laval, explorent les pratiques des personnes enseignantes dans le traitement des thèmes sensibles entourant ces enjeux.
En développant une approche qui respecte les identités multiples, on aide les jeunes à mieux se comprendre et à comprendre les valeurs sociétales. C’est aussi un cadeau qu’on leur fait de les libérer de mœurs qu’ils conservent sans en connaître les fondements.
Une solution durable pour contrer l’intolérance, c’est que tous les enfants – qu’ils soient immigrants ou non – soient éduqués à la tolérance non pas par des mesures punitives, mais par un travail éducatif et social en profondeur.