Un jeune Montréalais qui a poignardé à mort un ado de 16 ans à la sortie des classes ne sera pas assujetti à une peine pour adulte, a tranché la cour ce vendredi.
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«Nous prenons acte de la décision, nous allons prendre le temps d’analyser le jugement afin d’évaluer la possibilité d’aller en appel», a réagi Me Simon Robin de la Couronne, juste après l’audience à la Chambre de la jeunesse à Montréal.
Neuf mois après avoir été déclaré coupable du meurtre au deuxième degré de Jannai Dopwell-Bailey, un des responsables du drame a ainsi appris qu’il évitait la prison à vie pour son crime commis en octobre 2021 dans le quartier Côte-des-Neiges.
Ce jour-là, la victime âgée de 16 ans venait de sortir de classe quand il a été pris à partie par plusieurs individus qui l’ont aspergé de poivre de Cayenne. L’ado avait tenté de fuir, mais il a plutôt été poussé contre un mur, avant d’être poignardé au moins six fois. Le tout s’était déroulé en 13 secondes seulement.
«Jannai est tombé à terre, il souffrait, il criait de douleur», avait émotivement témoigné l’éducatrice Andrea Elizabeth Williams lors du procès.
Les suspects avaient pris la fuite, mais à peine une heure plus tard, un mineur publiait une vidéo sur Instagram, afin de célébrer le meurtre, couteau à la main. Il avait été arrêté trois jours plus tard, à Ottawa.
Maturité
Accusé de meurtre au deuxième degré, le jeune, à l’époque âgé de 16 ans, avait été reconnu coupable devant jury en décembre dernier.
La Couronne souhaitait qu’il soit assujetti à une peine pour adulte, mais la juge Annie Émond de la Cour supérieure en a décidé autrement, entre autres en raison des rapports d’expertises faisant état de son niveau de maturité qui ne correspondait pas à celui d’un adulte.
«On salue le travail d’analyse que la juge a fait, la famille [de l’accusé] est soulagée», a commenté Me Tiago Murias, qui pilote le dossier en défense avec Me Mathieu Farazandeh.
En pratique, cela signifie que le jeune meurtrier évite ainsi la prison à vie. En vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, la sentence maximale dans son cas est de sept ans, soit quatre années de garde fermée suivies de trois ans de surveillance dans la collectivité.
S’il avait été assujetti à une peine pour adulte, il aurait écopé de la prison à vie et son identité n’aurait plus été protégée en vertu de la loi qui régit les crimes commis par des mineurs.
L’audience sur la sentence à lui imposer est prévue pour la semaine prochaine.
Un autre individu, Andrei Donet, avait également été accusé. Et en mai dernier, il avait été reconnu coupable, écopant ainsi automatiquement de la prison à vie puisqu’il était déjà majeur au moment du crime.
Dans son cas, il devra purger au moins 13 années d’incarcération avant de pouvoir espérer une libération conditionnelle.