Le Hezbollah a tiré mercredi un missile vers Tel-Aviv, pour la première fois selon l’armée israélienne qui a mené de nouvelles frappes aériennes contre le mouvement islamiste au Liban, au moment où la communauté internationale redoute un embrasement du Moyen-Orient.
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L’armée a annoncé poursuivre ses bombardements «de grande envergure» dans le sud du Liban et la vallée de la Békaa, dans l’est, deux bastions du mouvement islamiste soutenu par l’Iran, au troisième jour de frappes massives qui ont jeté des centaines de milliers de Libanais sur les routes.
Vingt-trois personnes ont été tuées à travers le pays, selon les autorités libanaises, lors de ces frappes qui ont aussi visé des villages situés hors des fiefs du Hezbollah, dont celui de Maaysara, dans une région montagneuse à une trentaine de kilomètres au nord de Beyrouth.
L’armée israélienne a affirmé avoir frappé 60 cibles des services de renseignement du Hezbollah.
Lundi, des frappes aériennes de grande ampleur sur le Liban avaient fait 558 morts, dont des femmes et des enfants, et plus de 1 800 blessés, selon les autorités, le bilan le plus lourd en une journée depuis la fin de la guerre civile dans ce pays (1975-1990).
«Climat de terreur»
Nour Hamad, une étudiante de Baalbeck, dans l’est, âgée de 22 ans, a décrit mercredi «un climat de terreur» depuis le début des frappes qui ont visé les environs de la ville.
«Nous vivons dans la terreur depuis quatre jours, on s’endort sans savoir si on va se réveiller. Le bruit des bombardements est terrifiant, tant pour les enfants que pour les adultes», a-t-elle confié.
À Maaysara, un photographe de l’AFP a vu une maison presque entièrement détruite, tandis que les secouristes fouillaient les décombres.
Les tués «étaient des civils qui ont évacué leurs maisons du sud du Liban», a témoigné Fatima, une habitante du village.
Les écoles et universités resteront fermées jusqu’à la fin de la semaine au Liban. De nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers Beyrouth.
Mercredi à l’aube, les sirènes d’alerte avaient retenti dans la grande ville israélienne de Tel-Aviv, à une centaine de kilomètres au sud de la frontière libanaise, quand le Hezbollah a tiré un missile sol-sol qui a été intercepté, selon l’armée.
«C’est la toute première fois qu’un missile du Hezbollah atteint la région de Tel-Aviv», a déclaré l’armée.
Le mouvement libanais a affirmé qu’il s’agissait d’un missile Qader qui a visé le quartier général du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens, accusé d’être «responsable de l’assassinat des dirigeants» du Hezbollah «et des explosions des bipeurs et des talkies-walkies» ces derniers jours.
«Nous ressentons de la tension (…) Les roquettes sont effrayantes, stressantes. Je ne pense pas que quiconque au monde aimerait vivre cela», a témoigné Hedva Fadlon, une habitante de Tel-Aviv de 61 ans, après ce tir.
La Maison-Blanche a qualifié de «vivement inquiétante» cette attaque, estimant toutefois qu’il restait la possibilité d’une issue diplomatique, peu avant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU qui doit être consacrée au Liban.
L’armée israélienne a annoncé mercredi le rappel de deux brigades de réserve qui vont être déployées dans le nord, afin de «poursuivre le combat» contre le Hezbollah.
«Israël pousse la région vers une guerre ouverte», ont averti les chefs de la diplomatie d’Égypte, d’Irak et de Jordanie.
Le chef de l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, a dit craindre «une guerre à part entière» et que le Liban devienne comme la bande de Gaza, où la guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël.
«Guerre généralisée»
Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le «centre de gravité» de la guerre vers le nord du pays, le long de la frontière libanaise, pour permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés, dans cette région visée depuis près d’un an par des tirs de roquettes du Hezbollah.
Le puissant mouvement libanais, allié du Hamas, a de son côté promis de continuer à attaquer Israël «jusqu’à la fin de l’agression à Gaza».
Les tirs de part et d’autre de la frontière ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l’unité d’élite du mouvement.
Le Hezbollah a confirmé mercredi qu’un de ses responsables militaires, Ibrahim Mohammed Kobeissi, avait été tué dans un bombardement israélien la veille sur la banlieue sud de Beyrouth.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a assuré que l’assassinat récent au Liban de plusieurs commandants du Hezbollah par Israël ne pouvait pas mettre «à genoux» le mouvement.
À la tribune de l’ONU, le président américain Joe Biden a mis en garde mardi contre une «guerre généralisée» au Liban et estimé qu’il était «temps de finaliser maintenant» un accord de cessez-le-feu à Gaza.
La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1 205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l’armée.
En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.
Son armée a lancé une offensive à Gaza qui a fait jusqu’à présent 41 495 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Elle y a aussi provoqué un désastre humanitaire.