Je ne sais pas si Geoff Molson est superstitieux. S’il l’est, il devrait bâtir au plus vite un nouvel amphithéâtre pour son équipe de hockey. Plus rien n’est pareil depuis que le Canadien a quitté le Forum.
Le Centre Bell lui porte malheur. Avant que Patrik Laine ne tombe au combat, samedi soir, plusieurs autres joueurs du Tricolore y avaient subi des blessures débilitantes. Certains d’entre eux furent victimes de coups salauds.
Zednik, Pacioretty, Price, Dach…
Pensons à Richard Zednik à qui le défenseur Kyle McLaren des Bruins avait infligé, en 2002, le coup de la corde à linge lors d’un match des séries. André Savard était descendu de sa loge pour venir enguirlander les officiels du banc de son club. Un peu plus et il sautait sur la glace.
Quelques années plus tard, c’est Zedno Chara, lui aussi des Bruins, qui assommait Max Pacioretty.
Dans les séries de 2014, c’est Chris Kreider des Rangers qui entrait violemment en collision avec Carey Price. C’est à partir de ce moment que le genou droit lui a causé des ennuis qui l’ont mené éventuellement à la retraite.
L’an dernier, c’est Jarred Tinordi qui envoyait Kirby Dach sur le banc des joueurs des Blackhawks de Chicago.
Pour d’autres, ce fut le résultat de malchance. Donald Audette se vidait de son sang au vu et au su de la foule lorsqu’il a été coupé profondément au poignet gauche par le patin de Radek Dvorak des Rangers.
Trent McCleary n’arrivait plus à respirer quand il fut atteint au larynx par un tir de Chris Therrien des Flyers.
À sa deuxième saison, alors qu’il partageait le premier des marqueurs de la LNH avec Peter Forsberg au début décembre, Saku Koivu subit une blessure à un genou dans des circonstances similaires à celles de Laine.
Jeff Shantz s’était mis en travers de son chemin, comme l’a fait Cédric Paré l’autre soir aux dépens de Laine. Lui aussi n’avait pas été pénalisé.
Les officiels auraient-ils dû sévir à l’endroit de Paré?
Sans doute mais le joueur des Leafs ne voulait pas blesser Laine. Mon collègue Jonathan Bernier explique très bien ce qui est arrivé. Mais ça n’arrange en rien le problème que ça cause au Canadien.
Que faire?
La perte de Laine remet tout en question. C’est l’équipe qui va en pâtir. C’est comme si elle revenait à la case départ, elle qui misait sur Laine pour contribuer à son souhait d’être dans la course aux séries.
C’est comme si elle avait lancé 8,7 millions $ par la fenêtre.
Deux options s’offrent à Kent Hughes. Ou bien il remplace Laine par un joueur à l’interne ou bien il conclut une transaction.
Mais pour obtenir qui et à quel prix?
Manque total de civisme
Quant aux propos tenus par des fans dans les réseaux sociaux, ça n’a tout simplement pas sa place. C’en était même indécent dans certains cas.
Depuis quand a-t-on le droit de menacer quelqu’un de mort?
C’est impardonnable.
Y a-t-il quelqu’un à META, dans X ou toutes autres tribunes numériques, qui pourrait légiférer là-dessus et bannir ces fautifs minoritaires qui font suer tout le monde?
C’est à donner envie de se débrancher de tout ça.
Le message de Hughes
Avant le match contre les Leafs, Hughes m’avait raconté ce qu’il avait dit à Laine quand il a acquis ses services des Blue Jackets de Columbus.
«Je lui ai dit que notre équipe était très jeune et qu’il en était l’un des joueurs les plus âgés», a relaté le directeur général du Tricolore,
«Pense à l’impact que tu vas avoir. Tu es dur envers toi-même, mais quel sera l’impact sur les jeunes qui seront à tes côtés sur le banc?
«Que tu comptes 30 buts, 20 buts ou 15 buts, ce n’est pas grave. Ce que je veux de toi, c’est comment tu peux aider nos jeunes et réaliser que ton comportement peut avoir un impact sur nos joueurs.»
Tout semble indiquer que Laine ne sera pas là pour effectuer ce travail. Sa saison pourrait être terminée.
Rien pour aider le moral d’un homme qui sort d’un programme de soutien en santé mentale et qui avait montré des signes de découragement lors de la séance d’entraînement de vendredi.
Laine doit avoir l’impression de vivre le jour de la marmotte.