Un agent de sécurité des Promenades Gatineau a récemment sommé une mère de ne pas allaiter son nourrisson de trois mois en public. Une situation dénoncée par la maman, qui ramène le débat entourant l’allaitement dans les lieux publics.
«En 2024, ce n’est pas normal que ce soit encore un sujet tabou. L’allaitement devrait être normalisé», lance Anie-Pier St-Laurent, qui est restée surprise de l’incident.
Le 18 septembre dernier, la maman de 34 ans se trouvait aux Promenades Gatineau, lorsqu’elle a eu besoin d’allaiter sa fille.
«Je me suis assurée de prendre un banc face au mur, parce que je suis un peu gênée. Je voulais que ce soit discret», raconte-t-elle, ajoutant que c’est à ce moment-là qu’un agent de sécurité l’a interpellée, en lui demandant de se déplacer.
«C’est bien qu’on avise où sont les salles. Mais là où ça a cloché, c’est quand il m’a dit que je devais aller dans les pièces pour allaitement et que je ne pouvais pas faire ça où je voulais», soutient la mère.
Après avoir assuré à l’employé qu’elle avait le droit d’allaiter en public, l’agent de sécurité est finalement parti.
L’agent rencontré
Les Promenades Gatineau affirment que les propos de l’agent de sécurité vont à l’encontre de leur politique, qui permet aux femmes d’allaiter à n’importe quel endroit dans le centre commercial.
«On est déçus de cette position, ce n’est pas du tout nos valeurs», affirme Marc Montpetit, gestionnaire de portefeuille principal au Groupe Westcliff, responsable des Promenades Gatineau.
L’employé qui a approché la mère serait un nouvel agent de la firme de sécurité GardaWorld. Ce dernier n’aurait pas reçu la formation concernant les protocoles d’allaitement.
«Nos agents sont formés pour offrir aux mamans la possibilité d’utiliser nos salles d’allaitement. Mais si la maman désire rester où elle est, il n’y a aucun problème», soutient-il, ajoutant qu’un suivi a été effectué auprès de l’employeur de l’agent de sécurité.
Par courriel, GardaWorld indique qu’il s’agit d’un incident isolé.
«Nous regrettons sincèrement tout désagrément que cet incident ait pu causer», peut-on lire.
Normaliser l’allaitement
Ce genre de situation n’étonne pas la directrice générale du Mouvement allaitement du Québec (MAQ), qui estime que l’allaitement doit encore être normalisé de nos jours.
«Je ne suis pas surprise que ça arrive encore malheureusement», souffle Raphaëlle Petitjean.
Elle profite de l’occasion de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, qui se tient du 1er au 7 octobre en Amérique du Nord, pour rappeler qu’il reste encore du travail à faire.
«Il y a un manque d’éducation et un gros problème de la sexualisation du sein. Si ça vous met mal à l’aise de voir une femme allaiter, détournez les yeux, mais ce n’est pas à la femme de se cacher», dit Mme Petitjean.
Rappelons qu’au Québec, même si l’allaitement en public n’est pas encadré par une loi spécifique, les tribunaux ont jugé qu’on ne peut pas empêcher une femme d’allaiter dans un lieu public, selon Éducaloi.