On tient souvent pour acquis que la candidate démocrate aura les votes des jeunes, des femmes et de la communauté noire. Il ne lui resterait donc plus qu’à espérer que tout ce beau monde passe de la parole aux actes et qu’il se présente dans les bureaux de scrutin.
Une analyse plus fine révèle cependant qu’un certain nombre d’hommes noirs se feraient tirer l’oreille.
L’artillerie lourde: Magic Johnson et Barack Obama
Alors qu’on vote dans trois semaines et que les sondages stagnent (ou presque), il est intéressant de voir où les candidats organisent maintenant leurs rassemblements et à qui ils souhaitent parler.
Sans surprise, la campagne Harris est passée en octobre au Michigan et en Pennsylvanie. Pour les démocrates, une victoire dans ces deux États offrirait pratiquement les clés de la Maison-Blanche à leur candidate.
Ce qui m’a surtout frappé, c’est que dans ces deux États, on a fait appel à deux hommes noirs immensément populaires au sein de leur communauté: Magic Johnson et Barack Obama.
Les démocrates craignent que certains hommes noirs votent pour Trump ou, tout aussi dommageable, qu’ils s’abstiennent d’aller voter.
Il n’y a pourtant qu’un seul homme noir sur dix qui croit que Donald Trump apporterait quelque chose de positif s’il était élu, et huit hommes noirs sur dix ont une mauvaise opinion de lui.
Si les hommes noirs semblent donc majoritairement rejeter Trump, ceux qui le suivent peuvent faire la différence.
En 2016, le républicain a remporté 14% du vote de cette clientèle, proportion qui a baissé à 12% en 2020.
Comme la course est serrée et qu’on se bat pour des grenailles dans les États pivots, on veut maintenir ou diminuer les appuis de 2020 envers Trump.
Pas prêts pour une femme?
Lors de son allocution en Pennsylvanie, Obama a littéralement fait la leçon à ces hommes noirs qui hésitent à appuyer Harris. Tout en soulignant qu’ils semblent moins mobilisés pour elle qu’ils ne l’étaient pour lui en 2008 et en 2012, il leur a intimé de cesser de se trouver des excuses et d’appuyer une candidate qu’il juge nettement supérieure à son rival.
Bien sûr, un vote lors d’une élection peut très bien être influencé par un autre facteur que la couleur de la peau et il est fort possible que des hommes noirs considèrent que le plan de match de Donald Trump est supérieur à celui de la démocrate, mais la campagne Harris vise plutôt ceux qui hésitent parce qu’ils ne parviennent pas à envisager une femme à la présidence.
Je crois que ces efforts de la campagne démocrate démontrent à quel point la course est serrée et que les deux candidats ont presque fait le plein de votes. Autant pour Trump que pour Harris, il y aura peu de gains d’ici au 5 novembre et on misera tout sur la mobilisation.