Même une sincère reprise en main et un jeune enfant à sa charge n’auront pas permis à une mère monoparentale d’éviter le pénitencier pour avoir pris part à un vaste réseau de trafic de drogue.
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Marjorie Briand n’a pas réussi à convaincre le tribunal qu’une peine de détention à domicile était suffisante pour avoir fait le trafic d’une vaste quantité de cocaïne et de crack.
«En présence de quantités aussi importantes de drogues dures, il importe de dénoncer haut et fort le fait qu’il s’agit d’un véritable fléau causant des ravages importants dans notre société», a récemment résumé le juge Marc-Antoine Carette, au palais de justice de Longueuil.
Il l’a condamnée à trois ans de détention.
La femme maintenant âgée de 29 ans espérait pouvoir purger sa peine chez elle, notamment pouvoir s’occuper de son jeune enfant, né pendant les procédures judiciaires.
Marjorie Briand avait appris qu’elle était enceinte peu avant d’être arrêtée en août 2022, lors du démantèlement d’un réseau criminel de contrebande de drogue.
L’opération policière visait une organisation appelée la Run 132, qui sévissait sur la Rive-Sud de Montréal.
Rôle clé
Même si elle était à l’époque en début de grossesse, elle avait malgré tout échoué à sortir de prison dans l’attente de son procès.
Mais elle avait rapidement plaidé coupable et avait pu bénéficier d’un répit en étant libérée juste à temps pour son accouchement.
Elle a d’ailleurs expliqué au juge avoir compris les graves conséquences de la consommation de drogue lors de son passage derrière les barreaux.
«J’étais entourée de personnes accros à la drogue, je me suis sentie mal de ça», avait-elle témoigné.
Malgré tout, le magistrat a noté une certaine banalisation de l’accusée quant aux conséquences du trafic de drogue.
«Elle reconnaît sa responsabilité, mais tend à minimiser son rôle», a-t-il noté.
Marjorie Briand a pourtant occupé un rôle clé dans l’organisation, et ce, pendant six mois.
C’est elle qui était en contact avec les revendeurs, qui récupérait l’argent, en plus d’être une des «gestionnaires» de la cache de drogue.
Crime à dénoncer
Les policiers avaient aussi retrouvé chez elle plus de 24 000$, 19 grammes de crack et près de 10 grammes de cocaïne.
Sans problème de consommation, c’est par appât du gain et pour le luxe qu’elle avait décidé «d’asservir ses semblables aux prises avec une dépendance», avait plaidé Me Vincent Huet, procureur de la Couronne.
Il suggérait une peine de quatre ans de détention.
Une sentence qui aurait été adéquate, n’eussent été les efforts de réhabilitation et la reprise en main de l’accusée, a conclu le juge Carette.
Mais selon lui, la peine se devait d’être significative afin de dénoncer ce crime.
«Elle a certainement joué un rôle essentiel dans le crime organisé même si elle n’est pas une dirigeante d’une organisation», a-t-il dit.
Sept mois seront retranchés de la sentence en raison du manque de soins pour sa grossesse durant sa détention difficile après son arrestation.