Mario Saint-Amand n’avait pas joué sur un plateau depuis 2017 parce qu’il ne reconnaissait plus son métier. Mais un appel de la showrunner et productrice d’Indéfendable, Izabel Chevrier, a tout changé. Non seulement a-t-il apprécié son expérience, mais son passage dans la quotidienne judiciaire de TVA a renouvelé son désir de pratiquer son premier métier, celui de comédien.
L’artiste de 56 ans, qui vit depuis 2021 dans sa Côte-Nord natale – il a acheté une maison sur le bord de la rivière Moisie –, dit être un meilleur interprète depuis qu’il est spécialiste en interventions psychosociales après des études universitaires suivies ces dernières années.
«J’ai quitté Montréal en 2018. Je ne savais pas si j’allais revenir comme comédien. J’avais besoin d’aller voir ailleurs, d’aller m’asseoir et d’apprendre», a-t-il dit en entrevue.
«Janette Bertrand m’avait dit quand j’ai tourné l’épisode sur la schizophrénie d’Avec un gars A, en 1992, que la plus belle chose qu’on peut faire dans notre métier est d’être utile. Je n’ai jamais oublié ça. À 50 ans, en voyant le métier se transformer, je me suis demandé si je voulais continuer de me sentir comme un numéro. La distance que j’ai pu prendre depuis mon départ m’a rapproché de moi.»
«On est passé en l’espace de 20 ans de 10 à 35 pages à tourner par jour. Pendant plusieurs années, on s’est demandé si on faisait encore notre métier ou de la chair à saucisses. Tout ça amène sur un plateau une énergie qui n’est plus constructive. Mon école, c’est celle de Janette Bertrand où tout le monde construit ensemble. Sur le plateau d’Indéfendable, j’ai retrouvé ça», a ajouté l’homme dont la voix rauque a marqué les esprits depuis l’époque de Watatatow.
D’ailleurs, dans Indéfendable, Mario Saint-Amand retrouve son partenaire de jeu de l’émission jeunesse de Radio-Canada, Fabien Dupuis, qui campait le désagréable Éric Chicoine. Cette fois, Fabien Dupuis est Richard Malette, un homme dangereux qui, en tant qu’ex-beau-frère de Jean-Claude Marquis, le rôle de Saint-Amand, l’oblige à transporter un corps dans le coffre arrière de son véhicule. Quand la police pince ce dernier après qu’il a grillé un arrêt, la vie du menuisier alcoolique déraille.
En détresse, comme toute personne qui a récemment renoncé à la consommation, Jean-Claude Marquis «va sombrer dans l’enfer», selon Mario Saint-Amand, qui, lui, est sobre depuis 17 ans.
«On m’a offert un personnage extraordinaire, qui est un homme qui travaille le bois, un ébéniste qui n’a jamais voulu faire de mal à personne. Je trouvais intéressant de travailler un personnage qui, comme moi, a cessé de consommer, et qui tranquillement, est en train de se retrouver. J’ai proposé de créer une forme d’autisme chez lui, où tout d’un coup la confusion le gagne. Il va développer un langage, une manière de se protéger qui deviendra inaudible», a ajouté celui qui a, dans sa feuille de route, des rôles dans les films Gerry, Karmina et Love-moi, ainsi que dans les séries Scoop et Grande Ourse.
C’est à son premier jour de tournage que Mario Saint-Amand a su qu’il donnerait la réplique à Fabien Dupuis. L’un des producteurs d’Indéfendable, Charles Lafortune, qui est lui-même un ancien de Watatatow, a dit à l’Agence QMI que l’équipe «aimait beaucoup cet aspect nostalgie du casting» en faisant jouer les deux vieux camarades ensemble, ce qui leur a fait plaisir à eux ainsi qu’à la génération X qui ne manquait jamais les aventures de Simon Laurin et sa sœur, Émilie.
Mario Saint-Amand, à qui l’on a diagnostiqué un trouble déficitaire de l’attention (TDA) une fois qu’il était à l’université, a adoré son expérience dans Indéfendable au point où il veut recommencer à jouer, tout en continuant d’aider son prochain en tant que spécialiste en intervention psychosociale.
«J’ai constaté qu’Izabel Chevrier a réussi à recréer un plateau où tout le monde se parle et se donne des tapes dans le dos après une scène. Ça m’a tellement touché que voilà, le recul que j’ai pu prendre en allant étudier l’être humain sous toutes ses formes me donne aujourd’hui le goût de revenir; en fait, ça fait de moi un meilleur homme et un meilleur interprète. Le téléphone s’est aussi mis à sonner: j’ai deux belles émissions à tourner en novembre et j’ai des choses à venir le printemps prochain, une série mi-lourde et un film. Ils attendent les budgets.»