Décès d’un conjoint, adoption de deux enfants trisomiques, auditions infructueuses puis victoire à Canada’s Got Talent: Jeanick Fournier dévoile tout dans sa biographie, Mon cœur a su me guider. Son but? Inspirer les gens à vivre le moment présent.
«J’ai toujours été transparente, le Québec, le Canada, tout le monde a été derrière moi. Je crois que mon histoire peut faire du bien et être inspirante. Ce livre, c’est une façon de dire merci aux gens de toujours être là pour moi», raconte Jeanick Fournier, 52 ans, en entretien avec Le Journal.
La chanteuse originaire du Saguenay et gagnante de la deuxième saison du concours télévisé Canada’s Got Talent souhaite laisser sa trace, pour ses enfants et sa famille. Elle avoue aussi que l’exercice de replonger dans ses souvenirs (beaux et plus douloureux) a été une forme de thérapie.
Ses relations de couple (elle a été mariée deux fois, est devenue veuve en mars 2022 et a retrouvé l’amour alors qu’elle ne s’y attendait plus), l’adoption de ses petits et la façon dont elle a été élevée sont autant de sujets que Jeanick Fournier n’avait encore jamais abordés en détail.
«Je raconte ma philosophie de vie et mon histoire de manière plus précise. Je suis un humain qui a rencontré des épreuves et qui a grandi», confie-t-elle.
Éternelle optimiste
Se décrivant comme une éternelle optimiste, l’exercice de la biographie a permis à Jeanick Fournier de se rendre compte qu’il «faut être vraiment stable émotivement» pour œuvrer dans le show-business. Elle raconte le décès du père de ses enfants et la diffusion de son moment «Golden Buzzer»… le lendemain des funérailles. La culpabilité d’avoir dû quitter ses «cocos» (surnom qu’elle donne à ses enfants) si rapidement après la mort de leur papa est également racontée.
En faisant partager sa réalité de mère de jeunes trisomiques, elle souhaite montrer aux lecteurs que «rien n’est impossible, que la vie est d’une étonnante simplicité et qu’on peut y arriver, même si on a des enfants différents».
Le retour sur ses années de travail en soins palliatifs est sa manière de rappeler aux gens de «vivre aujourd’hui le moment présent». Tandis que tout ce qui touche aux auditions, aux refus, aux essais, aux déceptions jusqu’à sa grande victoire la ramène à cette croyance que «tout est possible».
«J’ai chanté toute ma vie ce jour-là, j’ai tout donné», se souvient l’interprète à propos de cet instant «Golden Buzzer» qui a littéralement changé sa vie. «Mes enfants le regardent encore quotidiennement sur YouTube», ajoute la chanteuse, qui planche sur un nouveau spectacle et «un ou deux» différents albums.
Extrait:
“Quand on est arrivés au bureau des services sociaux, j’ai eu l’impression d’entrer dans un ancien couvent. Les murs étaient blancs – tout était blanc –, c’était très lumineux. Et moi, j’étais excitée et nerveuse comme si je m’apprêtais à me produire sur les plaines d’Abraham devant 300 000 personnes. On nous a demandé de nous asseoir, ce qu’on fait, et on a attendu. Et encore attendu… Puis, soudain, mon cellulaire a sonné, c’est ma travailleuse sociale qui m’appelait. Elle m’a dit :
— Madame Fournier ?
J’ai paniqué, mon cœur s’est arrêté un instant.
— Que se passe-t-il ? Est-ce qu’ils ont eu un accident ? Mon fils est malade ? Il y a un problème pour l’adoption ?
Une foule d’idées se bousculaient dans ma tête, elle a repris la parole :
— Il y a une tempête à Montréal et les personnes responsables se sont trompées de chemin.
— Ben voyons donc !
Dans mon for intérieur, je pense : « Venir à Québec, ce n’est pas compliqué, tu prends ou bien la 20, ou la 40… »
— Ne vous découragez pas, elles vont finir par arriver.
Heureusement que les cellulaires existaient déjà, sinon j’aurais été à bout de nerfs à force d’attendre sans avoir de nouvelles. Ce temps d’attente imprévu a donné la chance à David de venir nous rejoindre, car il était en retard lui aussi. Tout comme à Montréal, il y avait un début de tempête à Québec. On a parlé un peu, mais j’étais stressée et dès que j’entendais des pas dans le couloir, mon cœur s’arrêtait. Finalement, les deux travailleuses sociales responsables du transfert sont arrivées une heure plus tard que prévu. Aïe ! Une toute petite heure d’attente pendant laquelle je pense que j’ai eu 40 contractions! C’est insensé à quel point ces moments peuvent parfois être intenses.
Puis, une dame est venue vers nous. Pour ajouter à mon stress, elle n’avait pas le bébé dans ses bras. Elle m’a saluée, puis s’est adressée à Richard :
— Pourriez-vous venir nous aider, on n’arrive pas à détacher le siège d’auto!
Misère! Il est parti seul, puis quelques minutes plus tard, il était de retour, suivi des travailleuses sociales, avec un petit bonhomme assis dans son siège d’auto.
Il m’est difficile de décrire ce que j’ai ressenti à cet instant précis. Une très grande joie, c’est sûr, une immense fierté d’être allée au bout de mon rêve et un gigantesque bonheur qui m’a fait verser des larmes.
C’était un beau bébé, il était tout petit. Il avait trois mois et ne pesait que neuf livres ! Dans son siège d’auto, il était éveillé et me regardait, ses grosses billes en guise d’yeux posés sur moi. Je le contemplais et n’en revenais tout simplement pas de penser que cet enfant était maintenant mon fils. Je n’entendais plus rien de ce que les travailleuses sociales disaient, je fusionnais avec cette petite chose, mon fils pour la vie.”
– La biographie de Jeanick Fournier, Mon cœur a su me guider, est en librairie.