Luc De Larochellière et Éric Goulet ont voulu se réapproprier l’époque de leur adolescence et réaliser un fantasme musical en créant le groupe culte fictif Les Dévadés, dont l’univers éclaté accompagne un album de new wave sorti d’une autre époque.
Les Dévadés se sont rencontrés à l’été 1985, à Montréal, et leur collaboration a instantanément épaté le milieu musical. Leur montée vers la gloire a toutefois été brusquement arrêtée lorsque les enregistrements de leur premier album ont disparu en même temps que leur producteur. Presque 40 ans plus tard, un quidam a retrouvé la cassette convoitée, permettant la publication de l’album éponyme du groupe Les Dévadés.
Cette histoire vous semble farfelue? Eh bien, c’est parce qu’elle est entièrement fictive. Luc De Larochellière et Éric Goulet ont toutefois mis tout leur sérieux et toute leur énergie au service de ce projet unique de 13 morceaux, qui est né de leur volonté de travailler ensemble et d’explorer un son plus rock qu’à leur habitude.
«Au début, c’était un accident, raconte Luc De Larochellière en visioconférence. Il n’y avait pas une volonté de faire un album comme dans les années 1980. Ça s’est un peu imposé. Au lieu de le rejeter et d’essayer de passer à autre chose, on a décidé de plonger complètement dans ce son, dans cette époque.»
Un délire
Offert dans un coffret comprenant un vinyle, un CD et un fanzine créé par plusieurs éminents bédéistes, l’album est accompagné d’un faux documentaire relatant les «exploits» et l’impact des Dévadés, auquel ont notamment participé Mitsou, Michel Rivard et Monique Giroux. Le moteur de ce «délire», comme le surnomme le duo, n’est pourtant pas la nostalgie.
«On est issu des années 80, mais cette époque me puait un peu au nez, avoue Éric Goulet, fondateur des groupes Possession simple et Les Chiens. Je trouvais ça tellement flashy et fluo, surtout la pop. Mais les propos [partagés] à cette époque restent complètement actuels».
Avec des morceaux intitulés Tristesse pornographique, Tout est à vendre, j’attends les soldes ou encore Les années 2000, le duo a écrit des textes qu’on pourrait associer autant à 2024 qu’à 1986.
«Il y avait une certaine morosité au milieu des années 80, pas si lointaine de celle qu’on vit aujourd’hui par rapport à une vision sombre du futur, estime Luc De Larochellière. La façon des années 80 de répondre à ça, c’était d’être extrêmement flashy et exubérant. Aujourd’hui, on n’est pas rendu à ce point-là, mais je vois le retour d’une certaine exubérance en musique.»
Un duo prolifique
Tous deux nés en 1966, les instigateurs de ce projet ont émergé dans la scène musicale québécoise au même moment, mais n’avaient que très rarement collaboré avant Les Dévadés. Leur amitié et leurs talents complémentaires se sont transformés en une efficacité monstre au studio.
«Je trouvais ça vraiment cool de pouvoir me concentrer sur les arrangements musicaux et de savoir que j’avais quelqu’un qui travaillait de l’autre côté et qui allait arriver avec un texte béton, souligne Éric Goulet. C’était libérateur. J’ai vraiment apprécié l’expérience d’un duo authentique.»
Une tournée de sept spectacles attend Les Dévadés, qui ont créé une mise en scène qui «promet d’être très divertissante»… mais ne vous attendez pas à les voir arborer des tenues excentriques pour autant.
«C’est sérieux, pareil, conclut Luc De Larochellière, le sourire au visage. On ne va pas arriver avec des épaulettes fluo. C’est nous, aujourd’hui, qui faisons un show avec la musique d’hier.»
- L’album Les Dévadés sera offert sur toutes les plateformes le 25 octobre et sera lancé à Montréal, le 15 novembre, au Lion d’Or.