PARIS | Gérard Depardieu ne s’est pas présenté lundi, pour raison de santé, à son procès à Paris pour agressions sexuelles sur deux femmes, mais l’acteur français de 75 ans «veut être entendu!», a insisté son avocat avant le renvoi de la procédure au mois de mars prochain, tandis qu’une centaine de personnes manifestaient pour soutenir les victimes.
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La justice française a ordonné une expertise médicale au début du mois de mars afin de statuer sur la capacité de l’acteur à comparaître, son avocat rappelant que son client avait subi un quadruple pontage coronarien et souffrait de diabète amplifié par le stress.
Les plaintes et accusations se sont multipliées depuis six ans contre le monstre sacré du cinéma français, au tempérament volontiers outrancier et amateur de saillies graveleuses.
Le renvoi du procès a été décidé à l’issue de plaidoiries mouvementées, l’avocat de la défense ayant dès ses premiers mots dénoncé une enquête préliminaire bâclée et à charge.
À plusieurs reprises Me Jérémie Assous, l’avocat de l’acteur, a montré du doigt les plaignantes, les accusant de «chercher la lumière des médias» et niant leur statut de victimes.
Sur le banc des parties civiles, Amélie, 53 ans, et Sarah (prénom modifié), 33 ans, n’ont cessé de soupirer et de lever les yeux au ciel face à ces accusations.
«Les méthodes de la défense sont particulièrement violentes et ont pour but de créer un nouveau traumatisme», a déclaré à l’AFP l’avocate d’Amélie, Me Carine Durrieu-Diebolt.
Gérard Depardieu est poursuivi pour des agressions sexuelles sur ces femmes pendant le tournage du filmLes Volets Verts de Jean Becker en 2021, ce qui a abouti à l’ouverture d’une enquête.
«Brutalité»
«J’espère qu’il aura le courage d’être là parce que nous on sera bien là, on est prêtes a se confronter à lui pour qu’il dise enfin la vérité», a déclaré Amélie à l’issue de l’audience devant les très nombreuses caméras présentes.
Décoratrice sur le film, elle dénonce des faits qui se seraient déroulés en septembre 2021, dans un hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris.
Dans son récit au site d’investigation Mediapart, elle expliquait que Gérard Depardieu avait soudainement hurlé, lors d’une conversation, qu’il voulait un «ventilateur», car il ne pouvait «même plus bander» avec cette chaleur, puis il avait assuré pouvoir «faire jouir les femmes sans les toucher».
Une heure plus tard, il l’avait selon elle «attrapée avec brutalité» alors qu’elle quittait le plateau. M. Depardieu l’avait alors «bloquée en refermant ses jambes sur (elle) comme un crabe», puis lui avait « pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à (ses) seins», a-t-elle affirmé.
Il lui aurait également tenu des «propos obscènes» tels que «Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte».
La deuxième plaignante, Sarah, était elle aide-réalisatrice sur le film.
«Gérard Depardieu réfute intégralement toutes les accusations», a rappelé lundi son avocat, estimant que son client était victime «d’un très grand nombre d’inexactitudes, de fausses informations et de mensonges».
Dans la salle, aucune figure majeure du cinéma français n’était présente mis à part l’actrice Anouk Grinberg, venue soutenir les plaignantes.
«Il y a les comportements délirants d’un roi qui se croit tout permis et tout le monde ferme sa gueule. Eh bien non, ça suffit!» a déclaré l’actrice.
Présente également, la comédienne Charlotte Arnould qui avait été la première à porter plainte contre Gérard Depardieu en 2018. Le parquet de Paris a requis en août le renvoi de l’acteur devant la cour criminelle pour qu’il soit jugé pour viols et agressions sexuelles dans cette affaire distincte.