En 2024, on estime que 3000 Canadiennes recevront un diagnostic de cancer de l’ovaire. Un diagnostic tardif nuit au pronostic, car la maladie est souvent trop avancée pour être bien traitée. Voici mes conseils en termes de prévention et d’alimentation pendant le traitement.
Le cancer de l’ovaire apparaît dans les cellules de l’ovaire, l’organe responsable de la production des ovules. Il existe différentes formes de cancer de l’ovaire selon le type de cellules où il se développe. Le carcinome épithélial de l’ovaire, qui débute dans les cellules épithéliales, est la forme de cancer de l’ovaire la plus répandue.
Plusieurs facteurs peuvent accroître le risque de cancer de l’ovaire, tels que l’âge, les antécédents familiaux, la nulliparité, une grossesse tardive ou des menstruations précoces. Quant à l’utilisation de contraceptifs oraux, elle diminue le risque.
Le cancer de l’ovaire peut demeurer asymptomatique jusqu’à un stade avancé ou entraîner des symptômes non spécifiques, comme des ballonnements, une satiété précoce, des habitudes intestinales altérées et des mictions fréquentes, ce qui rend son diagnostic précoce difficile. Ce n’est généralement que tardivement que des douleurs pelviennes, une anémie, une perte de poids et un gonflement de l’abdomen surviennent.
Faits saillants
• Au Canada, le cancer de l’ovaire est la cause de décès par cancer chez 5% des femmes, le cancer du poumon représentant la proportion la plus importante de décès par cancer (24%).
• Il s’agit de la cinquième cause la plus fréquente de décès par cancer chez les femmes.
• Le cancer de l’ovaire touche principalement les femmes en péri- et postménopause (entre 50 et 70 ans).
• L’incidence est plus grande dans les pays à ressources élevées.
La prévention
Une étude de cohorte prospective a évalué la corrélation entre la consommation de phytœstrogènes, des composés qui ont une faible action estrogénique, et le risque de cancer de l’ovaire. Cette étude a pu observer des bienfaits à la consommation de phytœstrogènes: les personnes qui consommaient le plus d’isoflavones, un type de phytœstrogènes, présentaient un risque réduit de cancer de l’ovaire (Song, 2024).
Une étude a évalué les associations entre la consommation d’aliments ultratransformés et le risque de 34 cancers dans une grande cohorte d’adultes britanniques. La consommation moyenne d’aliments ultratransformés représentait 22,9% de l’alimentation totale. Chaque augmentation de 10% de la consommation d’aliments ultratransformés a été associée à une augmentation de 19% de l’incidence du cancer de l’ovaire (Chang, 2023). Les aliments ultratransformés sont des sources importantes de gras saturés, de sodium et de sucre, lesquels peuvent hausser le risque de cancer.
La consommation de 7 à 10 fruits et légumes par jour, de noix et de protéines végétales a été associée à la prévention de plusieurs types de cancer. Adopter le régime méditerranéen en réduisant sa consommation de viandes rouges contribue à la prévention du cancer.
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L’alimentation après le diagnostic
Il n’y a pas de régime particulier pour traiter le cancer de l’ovaire. Pendant les traitements, l’alimentation contribue à maintenir le niveau d’énergie et la qualité de vie, offre une meilleure tolérance aux traitements et diminue le risque d’infections. Les besoins nutritionnels varient d’une personne à l’autre et dépendent de différents facteurs, tels que l’âge, la taille, l’activité physique, le type de cancer, les traitements, la réponse aux traitements, etc. L’objectif principal est de maintenir le poids, notamment la masse musculaire.
Si le poids se maintient, il est recommandé de favoriser une alimentation équilibrée et variée, tout en s’assurant d’avoir une source de protéines à chaque repas (ex.: viande, volaille, œufs, poisson, fruits de mer, légumineuses, soya, noix, graines, produits laitiers). Les protéines contribuent au maintien de la masse musculaire et aident à la guérison et au rétablissement après une opération. Il est également recommandé de répartir les apports en protéines tout au long de la journée afin de maximiser leur absorption par les muscles. Une bonne répartition est d’avoir 15 à 20 g au déjeuner, 20 à 30 g au dîner et 20 à 30 g au souper. Pour les personnes qui ont des besoins plus élevés, l’ajout de collations peut être utile.
Si le poids diminue ou que l’appétit et les apports alimentaires sont faibles, il est recommandé de manger des petits repas plus fréquemment, d’enrichir les repas (ex.: protéines, matières grasses, sucres ajoutés) et/ou d’augmenter l’apport calorique par l’hydratation (ex.: lait, boissons végétales, jus, smoothies, soupes, suppléments nutritifs comme Boost ou Ensure).
Sur le plan de l’hydratation, il est recommandé de boire deux à trois litres de liquide par jour. Le café, le thé et l’alcool ne sont pas inclus dans les liquides.
Les personnes atteintes d’un cancer de l’ovaire peuvent également avoir des symptômes digestifs, comme des nausées, des vomissements ou une subocclusion, un blocage au niveau de l’intestin.
En présence de nausées et de vomissements, il est recommandé de prendre des médicaments contre les nausées, de prendre des repas légers (ex.: peu gras, sans friture) plus fréquemment et de privilégier les repas froids (souvent mieux tolérés).
Enfin, dans le cas d’une subocclusion, lorsque des symptômes sont présents (ex.: ballonnements, alternance de diarrhée et de constipation, satiété précoce, nausées, vomissements), il est recommandé de limiter ou d’éviter les aliments riches en fibres (ex.: grains entiers, légumineuses, crudités, noix, graines, fruits séchés).
Références
• Song, Y., Huang, H., Jin, M., Cheng, B., Wang, S., Yang, X., & Hu, X. (2024). Dietary phytoestrogen intake and ovarian cancer risk: a prospective study in the prostate, lung, colorectal and ovarian (PLCO) cohort. Carcinogenesis, 45(6), 378–386. https://doi.org/10.1093/carcin/bgae015
• Chang, K., Gunter, M. J., Rauber, F., Levy, R. B., Huybrechts, I., Kliemann, N., Millett, C., & Vamos, E. P. (2023). Ultra-processed food consumption, cancer risk and cancer mortality: a large-scale prospective analysis within the UK Biobank. EClinicalMedicine, 56, 101840. https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2023.101840