Les artistes autochtones exigent que l’ADISQ revoie ses règles d’admissibilité en vue de ses prochains galas. Dans une requête envoyée plus tôt ce mois-ci, ils demandent que les œuvres enregistrées dans leurs langues puissent être nommées dans toutes les catégories jusqu’ici exclusivement réservées aux albums francophones.
Présentement, seuls les projets qui contiennent 70% ou plus de français sont admissibles à une nomination dans les catégories Album de l’année – Adulte contemporain, Alternatif, Country, Folk, Musique électronique, Pop, Rap, R&B/Soul, Rock, Traditionnel et Jeunesse. Des représentants des Premiers Peuples demandent que les projets qui contiennent une majorité de langues autochtones puissent aussi être considérés dans ces catégories, pas seulement dans la catégorie Album de l’année Langues – Autochtone.
«Il est temps que les albums en langues autochtones soient reconnus au même titre que ceux en français», affirme au Journal Joëlle Robillard, directrice générale de l’étiquette Musique Nomade. «C’est une question de réparation, d’autant plus qu’il y a de plus en plus de talents autochtones qui rayonnent et d’artistes qui sont capables de compétitionner [avec les artistes francophones]», soutient-celle qui compte dans ses rangs des artistes en ascension comme Kanen, Laura Niquay et Soleil Launière.
Mme Robillard n’est toutefois pas prête à ce que la catégorie Album de l’année – Langues autochtones soit retirée pour autant. Elle tient en effet à ce que l’ADISQ conserve une catégorie exclusivement réservée aux dialectes autochtones, en plus de permettre aux artistes des Premières Nations d’être admissibles dans celles visant présentement à récompenser les artistes francophones.
Un choix semble s’imposer
La directrice et productrice exécutive des galas, Julie Gariépy, confirme que ces doléances sont entendues, mais a de la difficulté à voir comment ces deux revendications pourraient coexister.
«Reconnaître les langues autochtones au même titre que le français pour l’ensemble des catégories voudrait automatiquement dire que la catégorie Album de l’année – Langues autochtones n’existerait plus. C’est une question à regarder avec les membres des communautés avec qui nous travaillons», explique-t-elle.
Des critères qui dérangent
En parallèle à cette requête, le rappeur et producteur algonquin Samian dénonce également le fait que le taux de 70% de langues autochtones soit exigé pour pouvoir être admissible à la catégorie Album de l’année – Langues autochtones.
«On nous donne notre catégorie, à condition qu’on respecte des pourcentages […] C’est comme nous sortir d’une réserve pour nous mettre dans une autre», lance le rappeur et producteur Samian, en entrevue avec Le Journal.
L’organisation de l’ADISQ se dit «très consciente que ce pourcentage doit être analysé», mais juge que ce genre de barème est nécessaire.
«Le pourcentage est essentiel, car nous devons trancher. Il y a d’autres pistes de solution qui seront analysées par le comité de scrutin pour 2025», dit-elle. «La place des artistes autochtones est de plus en plus présente et nous sommes d’accord que leurs langues ne sont pas une compétition pour le français. »