Un jeune Montréalais coupable d’avoir provoqué une course-poursuite à plus de 180km/h à bord d’un VUS fraîchement volé s’en est tiré avec neuf mois de prison à la maison, pour pouvoir continuer sa physio à la suite d’un autre accident routier.
Jo Alromhin et Hanna Abdo, 24 et 22 ans, sont arrivés tout sourire au palais de justice de Montréal vendredi. Et pour cause, l’un savait qu’il recevrait une tape sur les doigts, tandis que l’autre allait complètement s’en sortir.
«Chaque jour, le vol de véhicules fait les manchettes, c’est un fléau, a commenté la juge Geneviève Graton. Mais avant d’imposer une peine d’incarcération, je dois évaluer toute possibilité de peine, et dans ce sens une peine à purger à domicile est raisonnable.»
Ceci expliquant cela, Alromhin, qui n’a pas d’antécédent judiciaire, a pu bénéficier de cette mesure pour ses crimes commis en avril 2023.
Jo Alromhin conduisait ce Honda CR-V volé en Ontario quand il a causé une course-poursuite à haute vitesse sur les autoroutes 30 et 40, en avril 2023.
Courtoisie
De la 30 à la 40 à haute vitesse
Cette nuit-là, un résident de Cornwall en Ontario venait de se faire voler son Honda CR-V, un véhicule particulièrement prisé par les voleurs d’auto. Et juste après, Alromhin était vu en train de le conduire en fou sur l’autoroute 30, à la hauteur de Vaudreuil-Dorion, en direction de Montréal.
«Le rapport d’enquête indique qu’il est courant de voir des véhicules volés en Ontario pour être amenés au port de Montréal», a expliqué Me Geneviève Boutet.
Et si c’était le but d’Alromhin, il semblait pressé puisqu’il a été capté par des patrouilleurs en train de rouler à 180km/h.
Rapidement, les policiers ont tenté de rattraper le chauffard. La tâche s’est toutefois avérée délicate puisque Alromhin s’est mis à zigzaguer entre les autres usagers de la route, toujours à haute vitesse.
Les policiers de la Sûreté du Québec ont toutefois été aidés par les cônes orange qui ont envahi la métropole, puisqu’une zone de travaux à l’entrée de l’île a ralenti suffisamment le chauffard pour qu’il soit rattrapé.
Mais plutôt que de s’arrêter, Alromhin est reparti de plus belle, toujours à haute vitesse.
«Il y a eu un appel pour des renforts et le déploiement d’un tapis à clous», a expliqué la Couronne.
Selon les autorités, Hanna Abdo était passager dans le véhicule volé conduit par Jo Alromhin en avril 2023. Les accusations contre lui ont toutefois été retirées. Il est vu ici au palais de justice de Montréal, le vendredi 1er novembre 2024, en compagnie de son avocat, Me Hovsep Dadaghalian, et d’un proche (en arrière-plan).
Photo Michaël Nguyen
Tape sur les doigts
Mais même après avoir eu les pneus crevés, le chauffard a continué sa course. Celle-ci a pris fin à l’entrée de l’autoroute 13, quand le caoutchouc des pneus de la CR-V a débarqué de la jante.
Alromhin a été arrêté sur place, tout comme Abdo, qui était passager, selon les autorités. Mais plutôt que d’aller en procès, le conducteur du véhicule volé a choisi de plaider coupable vendredi. Il a ainsi reconnu avoir conduit dangereusement et avoir refusé de s’arrêter sur ordre des policiers. Il a aussi reconnu le recel du VUS volé.
Il n’avait toutefois pas été accusé de vol de voiture, faute de preuve suffisante. Et comme il n’avait pas d’antécédent pour des crimes similaires, il devenait difficile de justifier de la détention ferme, si bien qu’il a écopé de la prison à la maison.
Cela lui permettra de continuer sa physio pour des blessures aux mains, subies alors qu’il avait lui-même été victime d’un chauffard quelques mois plus tôt.
«À 24 ans, il serait temps que vous gagniez en maturité», a commenté la magistrate.
Abdo, de son côté, a vu les accusations être retirées, si bien qu’il n’a plus à se soucier de la justice.
