Ève Déziel a écrit 230 chansons en carrière, dont 75 titres pour enfants, notamment pour la populaire émission Le village de Nathalie, diffusée entre 1985 et 1988.
«Ce fut une sacrée école», souffle l’autrice de 66 ans, qui s’est vu remettre le prix Stéphane-Venne au Gala de la Fondation SPACQ de septembre dernier.
De ses débuts en écriture de chansons, à l’âge de 20 ans, à aujourd’hui, elle explique avoir dû faire bien des détours.
Elle a d’abord écrit pour Ginette Reno, Martine Chevrier (révélation de l’année), Offenbach et Christine Chartrand, puis pour Renée Martel, Natasha St-Pier, Nathalie Simard, Isabelle Boulay et Luce Dufault.
Malgré tout, l’autrice explique avoir dû élargir son champ de compétence pour pouvoir gagner sa vie.
«Il fallait être réaliste, et voir que c’était impossible de vivre de cela, être parolière, au Québec. J’ai fait plein d’autres choses avec la musique», explique celle qui a travaillé avec Salebarbes et Louis-Jean Cormier et à la télévision (La fureur, des galas des Gémeaux, des documentaires, des Bye Bye).
Droits d’auteur
Celle qui voyait ce métier comme le «romantisme de sa vie» explique s’être rapidement rendu compte qu’écrire des chansons «était beaucoup relié aux droits d’auteur».
Elle se souvient d’avoir été payée 2 sous pour une chanson par album vendu à ses débuts. Un sou allait à l’éditeur, un demi-sou à l’auteur et l’autre demi-sou, au compositeur.
«C’est triste, car à cause de tout cela, on n’a pas développé le métier de parolier au Québec. Personne ne peut vivre de sa plume en chanson au Québec en ce moment. Encore plus depuis l’arrivée des sites de lecture de musique. En France, tu peux gagner ta vie avec quelques succès, car tous les endroits qui font jouer de la musique doivent payer des droits d’auteur aux paroliers. C’est triste pour un métier qui est noble», se désole l’autrice du succès de Jacques Michel Salut Léon.
En couple avec l’auteur-compositeur-interprète Michel Rivard, Ève Déziel a écrit des chansons avec son amoureux pour Patrick Norman, Renée Martel, Luce Dufault et Isabelle Boulay.
En riant, elle compare l’écriture de chansons avec un aussi grand artiste à l’action de cuisiner devant un grand chef étoilé. «C’est intimidant, mais il est vraiment encourageant. Il a grandi dans la collégialité et cela se sent», confie-t-elle.