Le ministère de l’Immigration du Québec a dépensé plus d’un million pour meubler ses vestiaires alors que le gouvernement sabre ailleurs dans les dépenses en francisation et en ameublement.
En effet, 636 casiers, 89 bancs, 14 vestiaires ouverts et 27 tables à la hauteur ajustable ont récemment été acquis par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
La facture totale s’élève à 1 033 292,44$, selon le cahier explicatif des crédits 2024-2025.
«Cette dépense-là a attiré mon attention, je la trouvais vraiment élevée par rapport à d’autres», affirme le porte-parole libéral en matière d’immigration, André Morin, qui a remis en question ces achats lors de l’étude des crédits en avril dernier.
Tous les meubles ont servi à l’aménagement du siège social de Montréal et du bureau de Québec, où travaillent environ 1600 personnes en alternance.
Les casiers en stratifié ont ainsi remplacé les anciens vestiaires métalliques qui étaient pour la plupart en mauvais état et en quantité insuffisante, selon une porte-parole du ministère.
C’est l’entreprise québécoise Artopex qui a remporté l’appel d’offres, ayant été la seule entreprise soumissionnaire.
Coupes en francisation
Mais tandis que les fonctionnaires de l’Immigration et de la Francisation ont droit à des vestiaires flambant neufs, des cours en francisation doivent être annulés dans plusieurs centres de services scolaires faute de budget.
Le gouvernement Legault a aussi dernièrement aboli les allocations pour l’apprentissage du français à temps partiel.
Pour André Morin, lui même un ancien haut fonctionnaire, la CAQ «a dépensé en oubliant que c’était des fonds publics. Après, ils se ramassent avec un déficit énorme et ils doivent couper».
En éducation, certaines écoles ont aussi appris qu’elles n’auraient carrément plus le droit d’acheter du «mobilier, de l’appareillage et de l’outillage» pour cette année scolaire.
Cette catégorie comprend des objets comme des pupitres, des casiers ou du matériel de laboratoire.
Si cette même règle s’était appliquée au ministère de l’Immigration, il n’aurait jamais pu se procurer des chaises haut de gamme comme il l’a fait l’an dernier.
Huit «fauteuils de très petit format pour personne de petite taille» ont été achetés pour 5240$, tandis que 10 tabourets de travail pour aires ouvertes ont coûté 7230$ aux contribuables.
Bureaux partagés
Pour sa part, le MIFI affirme que ces chaises répondaient aux critères recherchés et que l’achat des vestiaires est justifié puisque ses employés n’avaient plus d’endroit où ranger leurs possessions depuis la fin du travail à des bureaux assignés.
Le ministère souligne aussi que le regroupement du personnel au siège social permettra d’économiser environ 3,4 M$ en loyers annuellement.
«Ce n’est pas parce qu’on fait une économie d’échelle avec des loyers qu’on peut faire n’importe quelle autre dépense après», juge toutefois le député André Morin.