Un «citoyen souverain» d’Abitibi-Témiscamingue s’est fait rabrouer par un juge qui l’a finalement condamné à payer une amende salée puisqu’il refusait de porter son masque lors d’une manifestation contre les mesures sanitaires.
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«De façon sarcastique, il déclare que la COVID-19 est un virus avec interrupteur intégré muni d’un GPS préprogrammé dédié exclusivement aux manifestants», donne en exemple le juge Raymond W. Pronovost, de la Cour supérieure du Québec, en rendant sa décision concernant Alain Audet.
Vidéo de la manifestation de mars 2021 où l’on voit le condamné:
Dans son jugement du 31 octobre dernier, on apprend que ce dernier en a fait voir de toutes les couleurs au tribunal. Le Québécois de 71 ans était en Cour pour tenter d’invalider une amende reçue en mars 2021. À l’époque, il a écopé de celle-ci puisqu’il refusait de porter un couvre-visage en public lors d’un rassemblement «pour la liberté» à Rouyn-Noranda. Le masque était pourtant obligatoire en raison de l’état d’urgence sanitaire.
Ce résident de Macamic a d’abord été condamné pour cette infraction en juillet 2023, mais il a décidé d’en faire appel. Le montant total de son amende en vertu de la Loi sur la santé publique était de 1550$.
Il se dit «ostracisé»
Audet a soumis au tribunal un «avis d’appel» truffé de fautes d’orthographe pour faire avancer sa cause.
«Je tiens à mentionner que je suis une personne souveraine dans tous les sens que cela puisse être, c’est-à-dire que je n’appartiens à aucun gouvernement ou autre entité quelconque», a raconté le septuagénaire.
Dans un charabia peu compréhensible, il a aussi prétendu que les mesures sanitaires ont pour «but de cibler et d’ostraciser les manifestants qui ne sont pas d’accord avec celles-ci».
«J’accepte de vivre à l’intérieur de la constitution canadienne, car celle-ci protège ma souveraineté par la Charte des droits et libertés. […] Mon principal argument était le recours à la Charte et de pas avoir été respecté. C’est pour cela que je me retrouve aujourd’hui en appel», a allégué l’Abitibien.
Pris à son propre piège
L’honorable Raymond W. Pronovost a finalement rejeté l’appel de l’antimasque. Il lui a même servi sa propre médecine, en soulignant ses propos incohérents.
«Il est curieux qu’un citoyen qui se déclare souverain invoque la Charte canadienne des droits et libertés votée par le Parlement canadien, pour les citoyens canadiens. L’appelant doit faire un choix. S’il est un citoyen souverain, il ne peut utiliser les lois d’un pays pour prétendre à un droit», a déploré le juge.
Le Journal a d’ailleurs obtenu une copie du constat d’Alain Audet, accompagné d’une photo de lui sans couvre-visage à la manifestation de Rouyn-Noranda. «L’appelant avait entendu l’organisateur aviser tous les manifestants qu’ils devaient porter le masque en tout temps. Il l’admet lors de son témoignage en première instance», précise la Cour.
Audet a confirmé à notre représentant vendredi qu’il n’avait pas l’intention de payer son amende, malgré le rejet de son appel. «C’est une injustice! Il n’y a pas de lois ou de décrets qui sont exempts de respecter la Charte», a insisté l’homme de 71 ans, dans une envolée de propos incohérents au bout du fil.
CE QU’ILS ONT DIT:
- «L’appelant se retrouvait dans un endroit où le public était rassemblé pour des fins de manifestation. Il avait l’obligation de porter un couvre-visage. Il n’y a pas d’exception prévue au décret. L’appelant est coupable de l’infraction.» – Raymond W. Pronovost, juge de la Cour supérieure du Québec
- «Cette exigence de porter le couvre-visage uniquement pour les manifestants est illogique et incohérente. Ces mesures n’ont pour but que de cibler et d’ostraciser les manifestants qui ne sont pas d’accord avec ces mesures.» – Alain Audet
- «Je suis une personne souveraine et un citoyen souverain. Je suis libre, mais adhère à la constitution canadienne. Celle-ci comprend la Charte canadienne qui elle respecte la souveraineté. C’est clair? Vous connaissez la Charte?» – Alain Audet