Le Kremlin, qui a démenti lundi que Vladimir Poutine et Donald Trump se soient parlé, estime n’avoir reçu «aucun signal» de l’Occident pour des discussions sur le conflit avec l’Ukraine où les frappes russes se poursuivent sans relâche.
Citant des sources anonymes, le Washington Post a affirmé que les deux hommes avaient eu un premier entretien depuis la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, lors duquel le républicain, qui entrera en fonction le 20 janvier, aurait notamment appelé le président russe à ne pas provoquer d’escalade en Ukraine.
«Cela ne correspond absolument pas à la réalité, c’est une pure invention», «une information fausse», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il a ajouté qu’il n’y avait «pas de plans concrets» pour une telle discussion que les deux hommes se sont la semaine dernière dits prêts à avoir.
Un porte-parole de l’équipe de transition du président américain élu avait indiqué dans un communiqué à l’AFP ne pas «commenter les appels privés entre le président Trump et d’autres dirigeants».
Sollicité par l’AFP, un haut responsable à la présidence ukrainienne a relevé également l’absence de confirmation de cet appel ou du fait qu’il aurait eu pour objet le conflit en Ukraine.
«De notre côté nous poursuivons l’opération militaire spéciale», a prévenu Dmitri Peskov, utilisant le terme officiel russe pour ce conflit.
Plus de deux ans et demi après le déclenchement par la Russie de son attaque de grande ampleur, Moscou, dont les troupes avancent, réclame que l’Ukraine dépose les armes, qu’elle lui cède une large part de son territoire et qu’elle renonce à son ambition de rejoindre l’OTAN. Des conditions inacceptables pour Kiev.
Handicapés par leur infériorité en nombre de soldats et en quantité d’armement, et par le refus des Occidentaux de les laisser utiliser les armes qu’ils leur livrent pour frapper la Russie en profondeur, les Ukrainiens reculent depuis plusieurs mois sur de multiples tronçons du front, une tendance qui s’est accélérée ces dernières semaines.
Après des attaques de drones réciproques d’une ampleur inédite ce week-end, au moins six personnes ont été tuées dans la nuit de dimanche à lundi et une vingtaine d’autres blessées dans des attaques russes à Mykolaïv et Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine, selon les autorités locales.
Vers une escalade majeure?
Autre mauvaise nouvelle pour Kiev, Vladimir Poutine a signé dimanche un traité de défense mutuelle avec Pyongyang, qui entre donc en vigueur au moment même où les Occidentaux mettent en garde contre l’escalade majeure que représenterait l’engagement dans les combats de milliers de soldats nord-coréens.
Selon Kiev et les chancelleries occidentales, ils sont positionnés dans la région russe de Koursk, où Kiev contrôle depuis août quelques centaines de kilomètres carrés de territoire.
L’élection de Donald Trump, qui durant sa campagne a régulièrement affirmé pouvoir mettre fin à la guerre en Ukraine «en 24 heures», laisse en outre craindre à l’Ukraine et aux Européens un désengagement américain dans les mois à venir.
Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est entretenu dimanche avec Donald Trump, et tous deux se sont dits «prêts à travailler ensemble pour le retour de la paix en Europe», a annoncé le gouvernement allemand.
Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, Vladimir Poutine a répété la semaine dernière «qu’il est ouvert à toutes les négociations» avec les Occidentaux sur l’Ukraine, mais «aucun signal n’a été envoyé» par ceux-ci. «S’ils disent que des signaux viendront, il faut les attendre», a-t-il insisté.
Si les responsables russes clament leur disponibilité pour discuter, ils répètent que cela doit se faire selon «les réalités» actuelles du front et à leurs conditions.
«La situation sur le théâtre des hostilités n’est pas en faveur du régime de Kiev, l’Occident a le choix : poursuivre son financement (de l’Ukraine) et la destruction de la population ukrainienne ou admettre les réalités existantes et commencer à négocier», a ainsi dit la semaine dernière le chef du Conseil de sécurité russe et ex-ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.
Il est de lundi à mardi en visite à Pékin, principal soutien de la Russie dans son face-à-face avec les Occidentaux.