La femme accusée du meurtre d’un influenceur en cryptomonnaie implore le tribunal de la libérer, car tout indique qu’elle aurait été mise devant le fait accompli après avoir prêté sa résidence aux assassins.
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«Advenant ma remise en liberté, je résiderai chez mes parents, je suis disposée à accepter toutes les conditions que la cour pourrait m’imposer», peut-on lire dans la requête déposée par Joanie Lepage au palais de justice de Valleyfield.
Depuis maintenant trois mois, Lepage, 32 ans, croupit à la prison Leclerc à Laval en lien avec le meurtre de Kevin Mirshahi survenu en août dernier. Méconnu du grand public, ce gourou de la cryptomonnaie était toutefois très populaire en ligne, lui qui affichait un style de vie luxueux.
Selon nos informations, Mirshahi aurait toutefois floué des gens liés au crime organisé. Et durant l’été, il avait été enlevé dans le stationnement intérieur de son immeuble de condos du Vieux-Montréal, alors qu’il était en compagnie d’un ami et de deux jeunes femmes.
Une vaste opération policière a été lancée, mais les ravisseurs avaient bien préparé leur coup. Car quelques heures plus tard, l’un des véhicules utilisés pour l’enlèvement était incendié à Laval.
Seule accusée de meurtre
Le lendemain, les limiers retrouvaient saines et sauves trois victimes dans l’ouest de l’île, mais aucune trace de Mirshahi. Son corps décomposé a finalement été retrouvé le mois dernier, au parc de l’Île-de-la-Visitation.
À ce jour, la Sûreté du Québec a épinglé trois suspects, dont Joanie Lepage. Mais si Darius Perry, 27 ans, et Nackeal Hickey, 26 ans, sont accusés de complicité et de séquestration, ils ne sont pas accusés pour le moment du meurtre en tant que tel.
En fait, seule Lepage fait face au crime qui pourrait lui valoir la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant qu’elle soit dans la cinquantaine.
Or, selon la preuve mise de l’avant par la Couronne, l’implication de Lepage dans toute cette affaire serait relativement limitée, peut-on lire dans la requête préparée par Me Patrick Davis, de la défense.
«Elle avait été approchée afin de prêter sa maison [en Montérégie] à des individus», affirme-t-il dans le document de cour.
Selon nos informations, la femme aurait été payée quelques milliers de dollars pour l’utilisation de sa résidence, mais on ignore quelle était la durée de la «location».
Pas de 911
Or, le même jour, Mirshahi et les trois autres personnes étaient kidnappés et séquestrés dans la résidence.
«C’est en se présentant là que Lepage aurait constaté le crime», indique la requête.
Sauf qu’au lieu d’appeler la police, elle aurait «fourni différentes denrées aux complices», avant de quitter les lieux. C’est surtout cette implication alléguée qui lui a valu d’être accusée.
«Lorsque le meurtre aurait été commis, elle avait quitté la résidence et n’aurait été témoin de rien, indique Me Davis dans le document de cour. Rien ne démontre qu’elle a un tempérament violent ou qu’elle cherche à éluder la justice, il n’y a pas de risque pour la sécurité du public [advenant une libération sous caution].»
L’audience sur remise en liberté se tiendra dans deux semaines, à Montréal. Parallèlement, l’enquête policière sur la mort de Mirshahi se poursuit.