Le Canadien était dans le coup après 40 minutes de jeu jeudi soir face aux Penguins de Pittsburgh.
Joel Armia avait réduit la marque, certainement un signe d’une soirée spéciale et après le désastre, même Martin St-Louis a confessé qu’entre la deuxième et la troisième période, il était excité de la situation. Autrement dit, il avait hâte de voir la suite parce qu’il était confiant.
Malheureusement, tout s’est effondré. À partir de Samuel Montembeault, qui a cédé trois fois sur seulement sept tirs en troisième avant d’être retiré du match. Cayden Primeau a lui aussi ouvert grand et concédé trois buts sur sept rondelles cadrées sur son filet par les Penguins.
Ce serait injuste d’attribuer l’effondrement en règle à la seule tenue de la paire de gardiens du Canadien. Devant eux, au troisième engagement, on a revu la confusion d’octobre, alors que trop souvent des erreurs d’assignation répétées et coordonnées permettaient aux adversaires de la Sainte-Flanelle de s’offrir un pique-nique dans le territoire offensif.
En même temps, il faut aussi appeler un chat un chat. Jeudi, ni Monty ni Primeau n’auraient pu être affublés du sobriquet de «chat», qui est l’apanage des gardiens vifs, spectaculaires et efficaces.
Je pardonne d’emblée à Samuel, qui a maintes fois changé des défaites en victoires par ses performances cette saison. Dans le cas de jeudi, je pardonne aussi à Primeau, qui est entré très tard à froid dans le match et qui n’avait pas vu d’action depuis plusieurs jours. Je pardonne aussi à l’utilisateur-payeur ces huées entendues en troisième période. Au prix du billet, celui qui économise et se rend au Centre Bell a totalement le droit de s’exprimer. Encore faut-il le faire avec un minimum de discernement.
Jeudi soir, je pense que les huées envers Primeau étaient injustifiées, compte tenu du contexte de son entrée dans le match, mais si ceux et celles qui se sont moqués du jeune gardien me disent que leurs railleries tenaient plus de l’ensemble de l’œuvre de Primeau, alors dans ce cas, je peux comprendre.
Ce que j’ai du mal à comprendre, toutefois, c’est comment cette équipe arrive à baisser les bras comme elle l’a encore fait face aux Penguins. Comment ce groupe de joueurs est incapable de caractère face au vent mauvais. Incapable de se ressaisir lorsque ça dérape et que le spectre de manger une volée leur pend au bout du nez.
En fait, l’explication me semble claire. Ce vestiaire est faible et manque cruellement de vétérans leaders pour le guider et surtout pour être les gardiens du sens du devoir.
Patrick Laine est un joueur de hockey formidable, un garçon heureux de se retrouver dans l’environnement du Canadien, mais il n’est pas, malgré ses années de service, ce type de vétéran dont je parle ici. Ce serait une erreur de lui demander de l’être.
Il y a bien Brendan Gallagher et Josh Anderson, qui semblent mener la charge et qui font très bien cette saison, mais la somme de ces deux vétérans ne parvient pas à stopper l’hémorragie lorsque le sang se met à pisser de partout, comme ça a de nouveau été le cas contre les Penguins.
Il revient donc à St-Louis d’en mener encore plus large, de s’assurer du maintien d’un minimum de standard de professionnalisme de la part de ses troupes.
Trop souvent, Martin demeure d’un calme olympien, rappelant sa nécessité de revoir le film d’un match avant d’en parler. Comme si on ne savait pas que cette phrase servait de couvercle sur une marmite bouillante et débordante permettant de revenir plus posé le lendemain.
Cette vieille tactique de communication est très efficace lors des mauvaises performances ici et là dans une saison. Le problème, c’est que ça fait sept fois que Martin nous la sort, et le CH n’a pas encore joué 30 matchs. C’est beaucoup trop de volées avant le réveillon de Noël.
Ça m’a agacé que Martin semble moins affecté de la débandade que ses propres joueurs et quel clash alors que Martin relativise une débâcle gênante à Montréal, une rince en règle de 9 à 2.
Et qu’à Long Island, Patrick Roy savonne ses joueurs après une victoire de 5 à 4 sur Chicago. Je ne rappelle pas ça pour vous dire que je préférerais que Patrick dirige le Canadien à la place de Martin. Je vous le rappelle pour illustrer la différence d’approche et de philosophie entre les deux hommes. Depuis un mois, je trouvais Martin plus engagé, voire plus enragé. Je le trouvais plus solide dans ses exigences envers ses hommes.
Jeudi, je suis obligé de convenir que Martin, à l’instar de ses joueurs, en avait une très mauvaise dans le système. Au fait, pouvez-vous m’expliquer comment un club peut perdre trois fois en trois mois contre un adversaire hautement prenable, et ce, par des scores de 6 à 3, 3 à 1 et 9 à 2? Ce club-là n’est vraiment pas fort entre les deux oreilles!