Trois ans après avoir causé un tumulte pour son unilinguisme, le patron d’Air Canada est toujours incapable d’aligner plus de deux phrases en français. Les parlementaires réclament un rapport sur les cours supposément suivis.
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Invité à témoigner au comité fédéral des Transports vendredi, Michael Rousseau a crevé l’abcès à la première minute de son allocution.
«Je suis désolé de ne pas vous parler en français. Je continue mes cours […] et c’est difficile. Merci pour votre compréhension», a-t-il dit dans un français extrêmement laborieux.
Un bloquiste présent au comité s’est demandé si son intention d’apprendre le français était sérieuse.
«Je ne veux pas manquer de respect envers vous, je pense que tout le monde mérite le respect, mais je pense que le respect, ça va aussi dans les deux sens», a déclaré Xavier Barsalou-Duval.
M. Rousseau a répondu en anglais qu’il poursuivait ses cours, mais que son apprentissage était plus long que prévu.
Le comité a décidé à l’unanimité d’adopter une motion pour qu’Air Canada produise un rapport sur le nombre d’heures que le PDG «a consacré à l’apprentissage du français depuis 2021».
M. Rousseau avait été invité pour expliquer les nouveaux frais d’au moins 35$ que Air Canada va imposer aux voyageurs transportant certains bagages à main.
Primeau sur la glace
L’entrepreneur québécois Olivier Primeau s’est jeté dans la mêlée vendredi matin.
«J’ai dû apprendre à parler anglais pour pouvoir travailler partout au Canada, il doit apprendre à parler français pour faire la même chose…», a déclaré l’entrepreneur Olivier Primeau.
«Le Canada est un pays bilingue et pour être à la tête d’Air Canada, le PDG doit absolument parler français. Ce n’est pas seulement une question de respect des lois, mais aussi de proximité avec le marché québécois, essentielle pour la compagnie», a-t-il ajouté.
En tant qu’ancienne société d’État, Air Canada est assujettie à la Loi sur les langues officielles.
Scandale linguistique
L’affaire avait fait scandale. En novembre 2021, Michael Rousseau avait prononcé un discours entièrement en anglais à la Chambre de commerce de Montréal.
En mêlée de presse avec les journalistes, il avait louangé sa ville d’adoption, où il a pu vivre pendant plus d’une décennie sans avoir à apprendre la langue des gens qui y habitent.
Ces déclarations avaient mis le feu aux poudres de Québec à Ottawa. Deux motions de blâmes ont été adoptées au Parlement fédéral et ont même relancé le débat sur la loi 101 au Québec.
«J’ai regardé la vidéo de monsieur Rousseau et je trouve ça insultant, ça me met en colère, son attitude, de dire que ça fait 14 ans qu’il est au Québec et il n’a pas eu besoin d’apprendre le français. C’est inqualifiable, ça me choque», avait dit François Legault.
En pleine gestion de crise, Air Canada avait rapidement annoncé que son patron s’excusait et qu’il avait embauché un professeur personnel pour apprendre le français.
– Avec la collaboration de Francis Halin