Les animations de ce tout nouveau long métrage de la saga du Roi Lion, qui présente la jeunesse de Mufasa, ont été en partie faites au Québec. En entrevue, le réalisateur Barry Jenkins et le compositeur et parolier Lin-Manuel Miranda ont détaillé leur manière de travailler sur cet excellent film familial du temps des fêtes.
Depuis la sortie du Roi Lion, le film d’animation, en 1994, l’histoire des adorables félins est devenue une franchise extrêmement rentable, générant plus de 10 G$ de recettes (longs métrages, comédie musicale et téléfilms inclus). Mais, à l’inverse du Roi Lion de 2019 qui n’était qu’une nouvelle version photo réaliste du classique d’animation, Mufasa: le roi Lion veut élargir le propos en offrant une histoire originale remplie de rebondissements, d’action et d’émotion.
On y suit Mufasa (voix de Patrick Emmanuel Abellard dans la version doublée au Québec), encore lionceau, qui, après avoir été séparé de ses parents, est recueilli par Eshe la lionne (voix de Thandiwe Newton en version originale) et mère de Taka (voix de Kelvin Harrison Jr.), futur Scar. Les deux jeunes deviendront amis, affronteront Kiros (voix de Mads Mikkelsen), un redoutable lion blanc et sa meute, et l’histoire, racontée par Rafiki (voix de John Kani) à Kiara (voix de Blue Ivy Carter), la fille de Simba (voix de Donald Glover) et Nala (voix de Beyoncé Knowles-Carter).
Des chansons qui collent à l’histoire
Le réalisateur Barry Jenkins, connu pour son Moonlight, avait pensé confier un rôle à Lin-Manuel Miranda dans son Si Beale Street pouvait parler (2018). Un conflit d’horaire avait empêché le parolier d’accepter, mais les deux hommes sont restés en contact. Et lorsque le cinéaste s’est retrouvé à la tête de Mufasa: le roi Lion, il a pensé à Miranda pour les chansons.
«Le scénariste, Jeff Nathanson, avait laissé la place pour les chansons dans le scénario, ce qui est assez rare. Mon travail, que ce soit pour le cinéma ou à Broadway, consiste à m’assurer que les chansons fassent avancer l’intrigue, a indiqué Lin-Manuel Miranda lors d’une entrevue à l’Agence QMI. Écrire une chanson pour Kiros, le méchant, doublé par Mads Mikkelsen… j’ai adoré! J’ai aussi beaucoup aimé pouvoir mettre en chanson le moment où Taka devient émotionnellement Scar. Et comme je ne suis pas du tout territorial, j’envoyais certaines choses à Barry pendant la préproduction en lui demandant si j’étais sur la bonne voie.»
«Le travail avec Lin est un dialogue. Il partage ce qu’il fait en cours de route, et nous travaillons vraiment de manière étroite, en faisant des allers-retours constants. La question la plus importante demeure toujours de savoir comment la chanson sert l’histoire, de manière à ce que le public n’ait pas l’impression que la musique devient une pause dans le film. Il y a aussi eu des moments que je tenais absolument à avoir dans le film, mais que je ne me voyais pas mettre en images. J’ai notamment parlé à Lin de la nécessité d’avoir une chanson exprimant l’émerveillement des lionceaux devant le fait qu’un oiseau est tout petit, et pourtant il survole tout», a souligné Barry Jenkins.
Une technologie «animée»… montréalaise
Visuellement éblouissant, Mufasa: le roi Lion est moins photo-réaliste que le précédent Le roi Lion de 2019, un choix conscient de la part du réalisateur qui a souhaité mettre la technologie au service du scénario habilement écrit.
Ainsi que l’a indiqué Barry Jenkins, «j’ai regardé attentivement le film de 2019 et j’ai dit aux studios que j’allais trouver une manière de modifier les outils technologiques afin qu’ils s’arriment à l’histoire. Je voulais notamment faire plus de gros plans, m’attarder sur les yeux, tout ce qu’on voit dans un film comme Moonlight et qui permet au public de s’attacher aux personnages.»
«Puisque nos personnages sont sur quatre pattes au lieu d’être sur deux jambes, nous devions avoir un visuel beaucoup plus animé. Et nous avons également beaucoup de communication non verbale dans Mufasa, comme des mouvements que font faire les lions – reculer lorsqu’ils se sentent menacés. Nous avons créé quelque chose d’hybride, entre Moonlight et le Roi Lion de 2019», a-t-il ajouté en riant.
Et il a tenu à souligner l’apport de Montréal au processus créatif de Mufasa. «Certains de nos animateurs les plus proches sont à Montréal, il s’agit de la compagnie MPC Montréal. Ils ont travaillé tellement fort sur Mufasa depuis trois ans et demi, quatre ans, et plus particulièrement Benny et toute son équipe qui ont fait un travail extraordinaire», a conclu Barry Jenkins.
Mufasa: le roi Lion n’a pas été boudé par les Golden Globes!
«Nous n’avons pas soumis Mufasa pour les Golden Globes, le film n’était pas prêt à ce moment-là», nous ont expliqué Barry Jenkins et Lin-Manuel Miranda.
Très pince-sans-rire, Barry Jenkins a rappelé avoir «eu une expérience très intéressante avec toutes ces cérémonies de remises de prix», faisant allusion au fait que Warren Beatty et Faye Dunaway avaient, en 2017, annoncé Pour l’amour d’Hollywood gagnant de l’Oscar du meilleur film au lieu de Moonlight!
«Depuis ce moment, mon esprit a bloqué les nominations et les remises de prix, a-t-il poursuivi. Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas un connaisseur des prix et ce n’est pas mon truc. Je n’y fais pas attention. Mon objectif est d’utiliser les outils à ma disposition pour faire un film le plus nuancé, délicat et texturé possible. L’unique question que je me pose est de savoir comment je vais faire un film qui va vous toucher.»
Mufasa: le roi Lion fait le bonheur des petits et des grands dès le 20 décembre.