«Je ne dirais pas que le fait de ne pas être allé au Championnat du monde a joué contre un joueur. Par contre, ceux qui y sont allés ont eu la chance de se faire valoir et de gagner des points.»
Directeur général adjoint de l’équipe canadienne qui prendra part à la Confrontation des 4 nations, Julien BriseBois s’est prêt à une tournée médiatique avec quelques membres de la presse montréalaise, lundi après-midi.
Il n’a eu besoin que d’une seule phrase pour résumer la situation de Nick Suzuki et Samuel Montembeault. On se rappellera que lors du dévoilement de la formation canadienne, le 4 décembre, plusieurs ont avalé leur café de travers en voyant que le nom du capitaine du Canadien n’apparaissait pas au sein des 13 attaquants retenus.
Suzuki avait lui-même avoué l’avoir un peu sur le cœur. Surtout en considérant qu’une portion de cette compétition aura lieu à Montréal.
«Mais, je joue contre les meilleurs joueurs au monde tous les soirs, alors je pense que j’ai l’occasion de montrer ce que je peux faire», avait-il indiqué, soulignant qu’il avait choisi de faire l’impasse sur le championnat mondial en raison de la préparation de son mariage.
En cas de blessures
Si ça peut consoler l’Ontarien, l’état-major de l’équipe canadienne est bien au fait de ses qualités et de la besogne qu’il accomplit chaque match dans l’uniforme bleu-blanc-rouge.
«Nick Suzuki est un excellent joueur. Personne ne peut le nier. Il s’est rendu en finale de la Coupe Stanley, c’est le centre numéro un d’une équipe qui joue toujours sous la pression d’un marché comme Montréal, a énuméré BriseBois. C’était un candidat de choix.»
D’ailleurs, le sort n’en est pas complètement jeté. Le directeur général du Lightning a rappelé que la compétition ne se mettait en branle que dans deux mois. Et que, d’ici là, des joueurs peuvent tomber au combat.
«Y a rien qui dit qu’il ne sera pas sur l’équipe. Il y aura fort probablement des joueurs qui ne seront pas en mesure de participer au tournoi. En fonction de qui sera blessé, on a une liste de remplaçants que nous allons considérer. En raison de son bagage d’expériences et de son talent, c’est certain que Nick sera l’un de ceux qui seront considérés.»
Un seul Québécois
Quant à Montembeault, l’état-major de l’équipe canadienne a adoré ce qu’il a vu de lui lors du printemps 2023.
Devant le filet du Canada pour sept matchs, il avait eu un grand mot à dire dans la conquête de la médaille d’or. Une fiche de 6-1-0 jumelée à une moyenne de buts alloués de 1,42 et à un taux d’efficacité de 0,939.
«Sa performance a ouvert les yeux de plusieurs personnes, a reconnu BriseBois. En plus, il a été en mesure de gagner dans cet environnement. Ça a milité en sa faveur au moment de sélectionner les gardiens de but.»
Montembeault et BriseBois seront les deux seuls représentants du Québec dans la formation canadienne. À l’instar de la liste d’invités au camp d’Équipe Canada junior, on ne peut pas y voir de scandale.
Par contre, ce que l’on peut constater, c’est le déclin de la qualité du hockey québécois. Du moins, le creux de vague dans lequel on se trouve. Pourtant, l’homme de hockey de 47 ans refuse de tirer la sonnette d’alarme.
«Il y a beaucoup de talent au Québec. C’est à nous de nous assurer qu’on est en mesure de l’identifier», a-t-il lancé.
«Au sein de notre organisation, des joueurs québécois qu’on a repêchés, qu’on a acquis via une transaction ou sur le marché des joueurs autonomes, il y en a eu beaucoup au fil des ans, a-t-il rappelé. On a aussi embauché de très bons hommes de hockey du Québec.»
Effectivement, on ne pourra jamais reprocher à BriseBois et au Lightning de ne pas regarder dans notre cour. Mais sur les 45 Québécois qui ont disputé au moins un match dans la LNH cette saison, il n’y a pas de Vincent Lecavalier, de Martin St-Louis ou de Patrice Bergeron.
Il n’y a même pas l’un des 13 meilleurs attaquants ou l’un des sept meilleurs défenseurs au pays.
Julien Brisebois fier, honoré… et occupé
Julien Brisebois vivra l’expérience d’une vie lorsque s’amorcera la Confrontation des 4 Nations, le 12 février, à Montréal. Champion de la coupe Stanley à deux reprises à la tête du Lightning de Tampa Bay, il en sera à ses premiers pas sur la scène internationale.
Habitué à mettre les morceaux de casse-tête en place et à manœuvrer avec un plafond salarial, l’homme de hockey originaire de Greenfield Park a rapidement compris que c’est un tout nouveau défi qui se présentait à lui.
« Lorsqu’on m’a approché, j’étais très fier. Mais je ne savais pas que ce serait aussi exigeant, a-t-il raconté. Si tu veux bien faire les choses, tu dois y mettre du temps. Bâtir une équipe nationale, c’est un projet d’une grande importance. Par respect pour les joueurs, le processus doit être rigoureux. »
Un processus qui s’est échelonné sur plusieurs mois, dont le point culminant est survenu le 4 décembre, lors du dévoilement de la formation de 23 joueurs. Évidemment, il n’était pas seul. Autour de la table des décideurs se trouvaient Don Sweeney, Doug Armstrong, Jim Nill, Kyle Dubas et John Cooper.
On parle ici de grosses pointures. Des pointures dont il fait maintenant lui-même partie. D’ailleurs, lorsqu’on lui demande si les équipes championnes qu’il a bâties à Tampa Bay lui ont donné la crédibilité pour obtenir ce poste, Brisebois demeure modeste.
« Je n’y avais même pas pensé. J’étais juste content de recevoir leur appel, a-t-il lancé avec un sourire un peu gêné. Mais, oui, ça a probablement milité en ma faveur. »
Des souvenirs de Coupe Canada 1987
Brisebois en a fait du chemin depuis que le Canadien l’a embauché, en septembre 2001 à titre de directeur des affaires légales. Pour lui, faire partie du groupe de dirigeants qui a construit cette équipe et qui fera de même pour celle qui participera aux Jeux olympiques de 2026 est une occasion de laisser sa marque dans l’histoire du hockey canadien.
« C’est un honneur et ça devient une responsabilité. En tant que compétiteur, on la sent. C’est l’occasion de remporter un autre championnat. »
Et de le faire dans une compétition regroupant les meilleurs joueurs de la planète.
« J’ai l’impression que les gens ne réalisent pas à quel point ce sera un grand tournoi. Je me souviens de la Coupe Canada de 1987, quand j’avais 10 ans, avec Wayne Gretzky et Mario Lemieux. Pour les enfants qui ont 10 ans aujourd’hui, ce sera les McDavid, Crosby, MacKinnon, Point et Makar. »
Attendons de voir la qualité du tournoi pour nous prononcer. Disons que la dernière Coupe du monde, en 2016, nous avait laissés sur notre appétit. Toutefois, ce tournoi sera assurément plus intéressant qu’un insignifiant week-end des étoiles.