Bêtes et stupides, les foules? Pas du tout. Elles sont même plus intelligentes que leur mauvaise réputation nous l’a longtemps laissé croire.
C’est un des constats qui émanent de Foules. Laboratoire humain, une exposition créée à Paris, en 2022, qui s’installe ces jours-ci au Musée de la civilisation de Québec.
Co-commissaire de l’exposition, Dorothée Vanitel se sert d’une expérience réalisée dans une foire agricole pour démontrer qu’en groupe, les humains ne sont pas idiots.
«Un mathématicien a demandé à tous ceux qui le voulaient d’indiquer le poids d’un bœuf, sans se le dire entre eux. Il se trouve que la moyenne donnait 543 kilos alors qu’il pesait 547 kilos. On était donc très proche de la valeur réelle», dit Mme Vanitel, en faisant aussi valoir la bienveillance des foules.
«Lors des attentats du Bataclan et du World Trade Center, spontanément, les gens se sont entraidés. Sans ça, il y aurait eu plus de morts.»
Danger
Les foules ne sont pas sans danger. Quand la densité est trop élevée (le nombre de personnes par mètre carré), des drames peuvent survenir. L’exemple de pèlerinages à La Mecque, durant lesquelles des gens ont perdu la vie, a été évoqué.
«Quand on regarde ça, on a l’impression qu’on se comporte tout croche alors que dans les faits, quand la densité d’une foule est trop grande, nous ne sommes simplement plus maîtres de nous-mêmes», signale Caroline Lantagne, chargée de projet au Musée de la civilisation.
L’exposition met donc en lumière des moyens de prévention et de protection afin d’éviter le pire dans de telles circonstances.
Foule virtuelle
Foules. Laboratoire humain s’avère surtout une expérience ludique où on apprend que des piétons vont instinctivement s’éviter par la droite ou encore que la mécanique des fluides, une branche de la physique, peut expliquer les mouvements ondulatoires d’une foule compacte.
Un atelier de synchronisation musicale donne même à réfléchir à l’impact du collectif sur la qualité vocale d’une interprétation.
L’exposition se penche aussi sur un type de foule apparue récemment dans nos vies : la foule virtuelle.
«Tout comme la foule physique, il y a dans le numérique des phénomènes qui émergent spontanément. Même à distance, on fait foule», dit Dorothée Vanitel.
Clin d’œil au FEQ
En traversant l’océan, l’exposition a été adaptée à la réalité québécoise. Un décor propice à des photos Instagram a notamment été aménagé pour rappeler que le phénomène de foule le plus connu à Québec est attribuable au Festival d’été.
«On comprend dans l’exposition que plusieurs règles doivent être appliquées pour assurer la sécurité d’une foule. Ça nous permet de réaliser les préoccupations qu’ont les gens qui s’occupent de ces grands événements, comme le FEQ ou le carnaval, quand ils doivent s’assurer que l’espace peut recevoir le nombre attendu de personnes», explique Caroline Lantagne.
- Foules. Laboratoire humain est présentée au Musée de la civilisation du 19 décembre 2024 au 30 août 2025.